Le château fort est une résidence fortifiée d’un homme et de sa mesnie, c'est-à-dire son entourage.
Il se définit plus par un critère social (la résidence, permanente ou temporaire, de la famille châtelaine) que par une description architecturale. Il est fortifié de manière à pouvoir résister aussi bien à une attaque directe qu'à un siège et se distingue de la maison forte ou ferté en ancien français (firmitas des hobereaux) par ses dimensions et ses ouvrages défensifs plus importants. Le château est l’instrument et le symbole du pouvoir local : il permet d’asseoir l’autorité d’un sire sur une population. Dans cette acception, les premiers châteaux apparaissent à la fin de l'époque carolingienne.
Au IXe siècle, l'édit de Pîtres encourage la construction de forteresses pour faire face aux invasions scandinaves qui menacent la France occidentale. La multiplication des châteaux répond à un contexte d’insécurité : raids vikings et sarrasins, puis violences de petits seigneurs brigands, menacent les paysans et leurs récoltes. Ces châteaux sont d'abord sous l'autorité des comtes et des ducs, qui sont les délégués du roi dans les « régions » (pagi). Ces représentants se constituent des principautés autonomes et confient leurs forteresses à des délégués (vicomtes, viguiers, centeniers, officiers châtelains). Aux XIe et XIIe siècles, ces derniers usurpent les prérogatives publiques (rendre la justice, lever une armée, collecter les impôts). Les partages successoraux accentuent l'émiettement du pouvoir. Ils font construire, de manière illégale, des châteaux : à la fin du XIIe siècle, on en comptait environ 150 en Provence, 130 en Catalogne, 110 en Picardie.
Cependant, l’effacement de l’autorité publique, incarnée par le roi ou le comte, s’est faite selon des rythmes et des intensités différents :