Le Fort dit « de Romainville » est situé dans le quartier de l’Avenir de la ville des Lilas. Cette appellation remonte à l’époque de sa construction, de 1844 et 1848, car la commune des Lilas n'a été détachée de Romainville, de Pantin et de Bagnolet que le 24 juillet 1867.
C’est un ouvrage militaire, type Vauban, construit pour la protection de Paris sur la demande d'Adolphe Thiers et qui s’étendait, à l’origine, sur une superficie de 20 hectares.
Pendant la guerre franco-allemande de 1870, les habitants des Lilas et des communes aux alentours y trouvent refuge. Le 20 septembre 1870, le fort était commandé par le capitaine de vaisseau (marine) Zédé, le commandant d'artillerie le capitaine de frégate (marine) Salmon et le commandant du Génie était le lieutenant colonel (armée de terre) Hamel. L'état major était composé de 14 officiers, L'INFANTERIE du 2e bataillon de marine (780 hommes et 16 officiers), la 1ere et 2e copagnie du 3e bataillon de fusililiers marins (210 hommes et 4 officiers), du 3e bataillon d'infanterie de marine (777 hommes et 20 officiers) et de la 1ere compagnie du 11e bataillon de marine (équipage du navire Louis XIV) 89 hommes. L'ARTILLERIE était composée du détachement de la 27e batterie de marine (15 hommes et 2 officiers). Le GENIE détachement de la 2e compagnie du 3e regiment (72 hommes et 2 officiers).L'ARMEMENT était 10 canons de 16 de marine et 3280 obus ; 4 canons de 24 et 336 obus ; 9 canons de 13P et 3354 obus ; 5 canons de 12 S et 4056 obus ; 6 canons de 4C et 3200 obus ; 9 canons lisses de 16 et 9700 obus ; 12 canons obusiers de 12 et 3730 obus ; 4 obusiers de 16 et 2000 obus ; 3 obusiers de 2 et 1869 obus : 7 mortiers de 15 et 4100 obus : 2 mortiers de 22 et 1400 obus et 2 mortiers de 27 et 700 obus. Total 73 bouches à feu. les cartouches modele 1866 étaient au nombre de 650 300. Le front de la Première Guerre mondiale ne l’atteint pas.
Le fort est, après la Première Guerre mondiale, le siège du En juin 1940, le 401e régiment d'artillerie de défense anti-aérienne.
Il est connu essentiellement par son rôle de lieu d'internement durant la Seconde Guerre mondiale.
Conçue par l’architecte Claude Vasconi, une tour TDF fût construite dans une partie déclassée de l'enceinte du fort en 1984. Elle mesure 141 mètres et dessert l’ensemble du territoire français en assurant la transmission de programmes de radio et de télévision.
Elle occupe une place privilégiée dans le domaine des télécommunications et est largement visible de la Plaine de France et des banlieues est et nord de Paris
Réquisitionné par les Allemands en octobre 1940, l’administration Commandement militaire allemand décide d'en faire un camp d'’internement, et des miradors de surveillance sont rapidement dressés, des grillages déroulés tout au long du chemin de ronde qui serpente sur les hauts murs du fort. Les détenus sont officiellement enregistrés à partir du 1er novembre 1940.
Cependant, sa fonction évolue, il deviendra un camp d’internement et les opposants à l’occupation nazie y sont indifféremment enfermés. Par la suite il évoluera en camp d’internement spécialisé pour les hommes puis mixte, homme et femme. C’était un centre où étaient retenus des otages, les prisonniers étaient gardés au Fort de Romainville en vue d’être fusillés en représailles d’actions de la résistance, la plupart au Mont-Valérien.
Il deviendra un des principaux lieux de transit avec Compiègne et Drancy, vers les Camps de concentration nazis pour les déportés par mesure de répression. À partir de février 1944, ce sont presque exclusivement des femmes qui y sont enfermées.
Les historiens estiment à 7000 les résistants internés au Fort de Romainville avant leur déportation vers les camps, dont plus de la moitié étaient des femmes. Le plus connu des convois parti de Romainville est le « convoi des 31 000 ».
Le 23 janvier 1943, 222 prisonnières quittent, en camion, le Fort de Romainville pour le Camp de Royallieu à Compiègne où elles sont enfermées dans un bâtiment en vue de leur départ. Là, se trouvent 8 autres femmes : 6 d’entre elles ont été extraites de la Prison de Fresnes et les deux autres du dépôt. Le lendemain matin, ces 230 femmes sont emmenées en camion a la Gare de Compiègne d'où elles montent dans les quatre derniers wagons d’un train rempli, depuis la veille au soir, par près de 1 500 hommes. Charlotte Delbo dans son livre « Le convoi du 24 janvier », écrira l’histoire de ce convoi. Une plaque à l’entrée du Fort de Romainville rappelle que leur convoi fut constitué sur ces lieux. Arrivées dans la soirée du 26 janvier, elles ne descendent des wagons que le lendemain matin et entrent dans le camp de Birkenau en chantant La Marseillaise. Elles sont immatriculées dans la série des « 31000 ». Sur ces 230 femmes, 49 d’entre elles reviennent de déportation en 1945.
Plus de la moitie de ces femmes (119) sont communistes ou proches du PCF. Elles sont pour 85 % d’entre elles des résistantes. 45 d’entre elles sont des veuves de fusillés. Dans ce convoi se trouve notamment :
Les déportations s’achèvent le 15 août 1944. Le 19 août, la garnison allemande quitte le fort et le 21 août 1944, 11 prisonniers sont découverts derrière le bâtiment central où ils ont été fusillés. Diverses cérémonies se déroulent chaque année, seul moment où il peut être visité. Les personnes se recueillent devant les casemates, où étaient détenus les prisonniers parmi lesquels le Colonel Fabien qui réussit à s’évader du fort en Mai 1943.
Durant l'occupation, 3900 femmes et 3100 hommes y furent internés avant d’être déportés, 209 y furent fusillés.