En photographie et cinématographie, l'ajustement de la distance focale de l'objectif provoque une impression de déformation de la perspective. On peut en particulier l'observer avec un objectif grand angle pour photographier ou filmer un objet proche. Rappelons qu'un appareil photo argentique 24x36 ou une caméra de cinéma 35mm utilisent tous deux les mêmes pellicules de 35 mm. Pour cette largeur, on considère que l'utilisation d'objectifs avec une distance focale de 50 mm correspond à peu près à la vision de l'œil humain. C'est d'ailleurs l'équipement standard de nombre d'appareils photos argentiques. Plus on s'éloigne de cette norme, plus la distorsion de perspective se fait sentir.
Prenons l'exemple des portraits de face. Avec un objectif grand-angle, ils donnent généralement une impression désagréable, avec un nez épaté et des traits déformés. Pour obtenir de bons résultats, on prend souvent les portraits avec des téléobjectifs de distance focale modérée, entre 85 et 105 mm.
Les 4 photos au bas de cet article illustrent visuellement l'importance de la distance focale dans le rendu photographique et cinématographique. L'objet au premier plan a été cadré de façon la plus similaire possible entre chaque prise de vue. Le photographe a utilisé 4 objectifs différents, allant de 100 mm à 28 mm de distance focale. Pour compenser le changement d'angle de vue, il s'est à chaque fois rapproché du sujet. Le sujet au premier plan reste à peu près stable, mais le fond de l'image varie considérablement. On remarque d'ailleurs qu'avec l'utilisation de la plus courte focale (dernière image), la structure de bois commence elle aussi à être déformée dans sa perspective (cf remarque sur les portraits). La troisième photo (prise avec l'objectif 50 mm) correspond à peu près à la vision naturelle, les autres éloignent ou rapprochent artificiellement l'arrière-plan.
Ce qui est vrai pour la prise de photo fixe s'applique naturellement dans le cinéma de façon dynamique. Le système d'augmentation continue du zoom compensant l'éloignement de la caméra (ou vice-versa), est connu sous le nom de " zoom de Hitchcock " ou travelling compensé. C'est un effet déstabilisant qui a été utilisé pour la première fois par Alfred Hitchcock dans Sueurs froides, et repris depuis dans beaucoup d'autres films.
On rapellera également que Jacques Tati rappelait à propos de son film Playtime, qu'il n'employait qu'une focale pour ses objectifs, celle le plus proche du regard humain qui n'a aucune raison de changer pendant la narration cinématographique.
Photos prises avec un appareil 35 mm utilisant des objectifs de 100 mm, 70 mm, 50 mm et 28 mm