Vers l'an mil, les conditions d'un renouveau de l'art sont réunies en Europe de l'Ouest.
Selon les théories mutationnistes (aujourd'hui remises en cause) la fin du Xe siècle est marquée par une série de changements qui affectent l'ensemble de la société et de l'économie occidentales :
Toute l'Europe est envahie par une fièvre constructive authentique, stimulée par les progrès techniques; les lettrés sont parvenus à formuler un art capable de représenter toute la Chrétienté : l'art roman.
Les rois et l'empereur ont tenu une place importante dans la diffusion de cet art.
Jusqu'au Xe siècle, l'Église avait connu de nombreux abus et s'éloignait, du même coup, de ses vraies missions; de nombreux monastères et églises étaient tombés entre les mains de seigneurs; la papauté elle-même était passée sous le contrôle de l'empereur germanique; enfin, un grand nombre de clercs vendaient les sacrements ou vivaient en concubinage. Un important mouvement de réforme commence alors, notamment dans les monastères : Cluny, en Bourgogne, revient à l'esprit de la règle édictée par St-Benoît au VIe siècle qui prône la prière, le travail et la pauvreté. La diffusion de ces nouvelles règles dans toute l'Europe favorise la construction de nombreux monastères et abbayes clunisiens.
Au XIIe siècle, Robert de Molesme fonde l'ordre de Cîteaux (Cisterciens) qui renforce la règle de pauvreté (pas de décoration dans les églises, vie très stricte, règle du silence) et la solitude (monastère isolés).
À côté de ces deux principaux ordres monastiques apparaissent de nouveaux ordres : érémitiques (Chartreux) et militaires (Templiers…).
Seule la Germanie constitue un foyer de création littéraire et artistique actif. L'idée d'empire, qui s'était éteinte au début du Xe siècle, est ressuscitée par le couronnement impérial d'Othon Ier le 2 février 962. En 982, Othon II, son fils prend le titre d'Imperator Romanorum (« empereur des Romains »).
L'art roman prend ses sources dans l'Antiquité tardive et s'inspire des œuvres carolingiennes et ottoniennes.