La butte naturelle d'Andone domine la plaine, 400 m au sud du château de la Barre et à faible distance de la vallée du fleuve Charente. Les bâtisseurs du Xe siècle ont remodelé le site, auparavant occupé par une nécropole du premier âge du Fer (dont l'ensemble du matériel, hache, épée longue, poterie,... est conservée au Musée d'Angoulême) puis par un établissement militaire gallo-romain, qui avait pour vocation de surveiller la voie romaine Saintes - Lyon qui passait à 600 m au nord-ouest. Ils ont construit une enceinte maçonnée ovale, épaisse de 2 m et couronnée par un chemin de ronde crénelé, accessible par des échelles. La première enceinte maçonnée est datée de l'époque gallo-romaine. Cette enveloppe, défendant un espace de 2 000 m2, s'ouvre par un portail oriental et une poterne occidentale. Deux ponts de bois franchissent le fossé séparé de l'enceinte par un large glacis en argile.
Les bâtiments en pierre, adossés à la courtine, communiquent avec deux cours abritant de multiples structures annexes en bois. Au nord, le complexe résidentiel en forme de L est organisé autour d'une grande aula de réception munie de vitrages et surmontant une salle basse obscure. Cette salle à l'étage constitue le précurseur du donjon médiéval habité. Le bâtiment sud, de plain-pied, se compose de quatre pièces qui furent - entre autres - utilisées comme écurie, forge et espace de stockage. N'ayant pas réussi à creuser un puits dans l'enceinte, les occupants médiévaux ont utilisé le puits antique établi devant la poterne ouest et les sources jaillissant au pied de la butte.
La courte existence du site en fait un jalon important dans la genèse du castrum médiéval. Il constitue un intermédiaire entre les résidences carolingiennes ouvertes et les grands châteaux abritant la demeure de nombreuses familles chevaleresques qui se développent dans cette région au cours du XIe siècle.
Au-delà des activités d'agriculture, d'élevage et de chasse, le castrum d'Andone a hébergé des activités artisanales. Le travail de forge est omniprésent et il a été pratiqué en divers points du site. Le fait que plus de 8 000 pièces en fer aient été retrouvées montre que ce métal était abondamment utilisé. Les forgerons fréquentant le site produisaient les fers et les clous nécessaires aux chevaux et aux mules, des armatures de flèches, des carreaux d'arbalètes et divers autres objets. Un petit artisanat du bois de cerf était pratiqué sous la grande salle. Il a fourni des pièces d'arbalètes (noix et détentes), des plaquages pour des coffrets et des pièces de jeu. Le peignage et le filage des fibres textiles (laine, lin et chanvre) est commun à tous les habitats ruraux de l'époque mais il fournit ici l'unique trace d'une présence féminine.
Les occupants d'Andone ne vivaient cependant pas en autarcie. Si les objets précieux des comtes d'Angoulême décrits par les textes contemporains n'ont pas été laissés sur place à l'abandon du site, quelques éléments d'origine lointaine permettent d'évoquer le large horizon économique des comtes de la dynastie Taillefer.
Des agrafes de manteaux originaires du monde germanique et de l'espace anglo-saxon, de la vaisselle islamique, des perles en verre au plomb produites dans les comptoirs danois du nord de l'Angleterre et surtout une coupe réalisée au Proche-Orient mais imitant le céladon chinois viennent rappeler le statut privilégié des occupants.