Castrum d'Andone | ||
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Nom local | La Garenne | |
Période ou style | médiéval | |
Type | Ensemble fortifié | |
Début construction | Xe siècle | |
Fin construction | XIe siècle | |
Propriétaire initial | Taillefer | |
Destination initiale | Comté d'Angoulême | |
Propriétaire actuel | privé | |
Protection | classé MH en 1986 | |
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Latitude Longitude | ||
Pays | France | |
Région historique | Angoumois | |
Région | Poitou-Charentes | |
Département | Charente | |
Commune française | Villejoubert | |
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Le castrum d'Andone est un ensemble fortifié situé en Charente en limite de la commune de Villejoubert, en Angoumois.
La résidence d'Andone a été fondée dans la seconde moitié du Xe siècle par des membres de la famille comtale d'Angoulême, apparentés à la dynastie carolingienne. Plusieurs indices permettent d'expliquer le choix de ce site relativement malcommode, comme la proximité du vaste massif forestier de la Boixe et le contrôle du proche monastère de Saint-Amant ou plutôt de Macarine, son précédent emplacement dans la forêt. Mais cette implantation pourrait surtout être liée aux années où le comte Arnaud Manzer (975-988) lutte contre l'évêque Hugues de Jarnac. Ce dernier dispose en effet de deux résidences visibles depuis Andone. Ce conflit s'apaise à l'époque de Guillaume IV (988-1028), fils d'Arnaud, et Andone perd alors tout intérêt stratégique. Entre 1020 et 1028, le comte et l'évêque s'entendent pour transférer la résidence comtale à Montignac, sur les bords de la Charente. L'abbaye Saint-Amant est parallèlement déplacée à proximité de ce pôle d'habitat et l'ancien castrum connaît un abandon définitif. Un petit habitat rural dénommé Andone subsiste toutefois à proximité aux XIIe et XIIIe siècles, peut-être à l'emplacement qu'occupe le Logis de la Barre à partir de la seconde moitié du XVe siècle. L'emprise de l'ancienne forteresse des comtes d'Angoulême est alors convertie en garenne à lapins.
Le site a été identifié pour la première fois au XIXe siècle mais il a fallu attendre le début des années 1970 pour que des fouilles y soient entreprises. Le castrum a été intégralement fouillé par André Debord (1971-1995), qui, en raison de son décès soudain, ne put publier en son nom, les résultats de ses 24 années de fouilles; puis par Luc Bourgeois (2004-2005). Il a été classé monument historique par arrêté du 13 août 1986. Actuellement, le site est de nouveau envahi par la végétation et son accès n'est plus indiqué.
Le castrum d'Andone à livré un exceptionnel mobilier (plus de 400 000 pièces dont 116 000 ont fait l'objet d'une étude systématique). Sa richesse permet de mieux connaitre la vie quotidienne d'un groupe aristocratique au Xe siècle.
Les occupants d'Andone sont avant tout des cavaliers. Des milliers de pièces témoignent du développement récent du ferrage des équidés (chevaux, mules, ânes). Ces fers témoignent à la fois de la compétence technique des maréchaux-ferrants et de bonnes connaissances vétérinaires (présence des plus anciens fers orthopédiques connus en Occident).
Le coût et l'importance symbolique des armes de guerre explique leur absence dans les dépotoirs du castrum. Seules quelques écailles d'armures à plaques (broignes) témoignent de cette catégorie de mobilier. L'armement de chasse est au contraire abondant : il comprend des épieux, de l'armement de trait (arc, mais également arbalète, qui apparaît à cette époque) et de lourdes trompes d'appel en terre cuite. L'existence de rapaces dressés et d'une meute de chiens vient compléter cette évocation. Les animaux sauvages représentent près de 4% de la faune découverte dans le site. Le cerf constitue le gibier principal, suivi du lièvre et du sanglier. Des espèces oiseaux très variées sont également chassées.
Les animaux d'élevage constituaient pourtant l'essentiel de l'alimentation carnée mais la faune domestique présente des caractères spécifiques aux habitats aristocratiques : abondance du porc, présence d'un fort pourcentage d'animaux consommés jeunes, élevage d'animaux de prestige comme le paon. Ces animaux et de nombreux autres indices montrent que le site d'Andone est également le centre d'un domaine rural, implanté dans un paysage ouvert et majoritairement cultivé. La vaisselle de cuisine est très répétitive (pots et cruches) mais elle présente aussi quelques types de récipients absents des habitats ruraux contemporains. Des mortiers destinés à la préparation des épices, des vases glaçurés probablement adaptés aux sauces et une abondante série de verres à boire témoignent d'une cuisine plus élaborée. Le reste du vaissellier, en bois ou en métal, n'a pas été retrouvé.
Les meubles étaient majoritairement des coffres et des coffrets. Les foyers sont presque dépourvues d'aménagements (mais des cheminées ont pu exister à l'étage de la résidence). L'éclairage était complété par des lampes à suif en terre cuite et en pierre. Même si les déchets étaient enterrés dans la cour et recouverts par des couches d'argile, l'hygiène du site paraît fort médiocre, comme en témoignent de nombreux restes de rat noir ou des couches constituées de jonchées étalées dans les pièces.
Le bâtiment résidentiel et ses abords immédiats ont livré une petite série de pièces d'échecs - qui constituent l'une des plus anciennes attestations occidentales de ce jeu originaire d'Extrême-Orient - et de nombreux pions de jeu de table (proche de l'actuel backgammon). Jusqu'au XIIe siècle, ces jeux de société demeurent l'apanage de l'aristocratie.