Le Monastir del Camp (Monestir del Camp en catalan, ce qui signifie « Le monastère du Camp ») est un ancien monastère qui aurait été fondé, selon la légende, à la fin du VIIIe siècle ou au début du IXe siècle, à la demande de Charlemagne à Passa, près de Thuir, dans les Pyrénées-Orientales, après sa victoire sur les Sarrasins. Trop peu connu, c’est l'un des joyaux de l’art roman catalan.
Histoire
Fondé selon la légende, à la demande de Charlemagne, qui emprunta cette voie à son retour de la bataille de Panissars où il combattit les Sarrasins en juin de l’an 785, le Prieuré du Monastir del Camp est vraisemblablement postérieur de près de deux siècles à cet évènement.
A la suite de sa victoire contre les Sarrasins, Charlemagne arrêta ses troupes à deux lieues du village de Passa. Les soldats assoiffés cherchaient en vain une source lorsque l’un d’eux planta son épée dans le sol asséché du lit de la rivière. De l’eau en jaillit et tous purent se désaltérer dans le « Riu del Miracle » qui coule à cet endroit.
Pour marquer sa reconnaissance à la Vierge Marie, qui avait permis à son armée, épuisée d'un long combat victorieux contre les Maures, de se désaltérer, le roi demanda qu’une chapelle soit érigée à cet endroit.
Historiquement, le Prieuré du Monastir del Camp a réellement accueilli une communauté de moines, la communauté des chanoines de saint Augustin, aux environs de 1116, qui fut installée dans les lieux par Artal II, évêque d'Elne. Par la suite, le prieuré deviendra un monastère bénédictin, qui restera en activité jusqu'en 1786.
L'église que l'on peut voir de nos jours a été construite à l'emplacement d'une chapelle plus ancienne dédiée à sainte-Marie, datant vraisemblablement de l'époque carolingienne (IXe siècle). Cette première église étant encore attestée en 1087, puis en 1090, on peut donc situer l'édification de l'église du Monastir entre les années 1090 et 1116.
En 1307, un cloître de style gothique, aux arcades trilobées, fut ajouté.
Le monastère a été sécularisé par bulle papale de Clément VII en 1592.
Après le départ de la communauté des chanoines de saint Augustin, le Prieuré fut vendu par Louis XVI à la famille Jaubert de Passa. Les descendants de cette noble famille vivent et travaillent toujours au Monastir, qui accueille les haras nationaux de mars à juin.
A la Révolution, les habitants du prieuré se réfugièrent en Espagne et le monastère fut transformé en hôpital.
En 1826, Prosper Mérimée, alors ministre, classa le site au titre des Monuments historiques. Il était l'ami de François Jaubert de Passa, homme de lettres (inspirateur de la Vénus d'Ille et de Carmen), auditeur au Conseil d'État et Président du conseil général des Pyrénées-Orientales.