Mesurer le gain de temps ainsi réalisé est délicat, car cela dépend à la fois de l'élève, de sa langue maternelle et de la langue cible, plus ou moins proches de l'espéranto.
Prenons l'exemple concret d'un francophone désireux d'apprendre l'allemand (réputé difficile en France). De nombreux aspects de cette langue lui seront plus familiers s'il a auparavant appris l'espéranto :
À l'évidence, l'inverse fonctionnera également : un francophone apprendra encore plus vite l'espéranto s'il parle déjà allemand. Cependant les temps nécessaires à l'apprentissage de l'allemand et de l'espéranto ne sont pas du même ordre de grandeur. En pratique, apprendre l'allemand pour pouvoir apprendre plus vite l'espéranto est donc dénué de sens.
Tout d'abord, il faut savoir que pratiquement toutes les langues sont propédeutiques. La première langue est plus difficile à apprendre que la deuxième, elle-même plus difficile que la troisième. La facilité d'apprentissage de l'espéranto permet toutefois d'acquérir ces mécanismes d'apprentissage plus rapidement.
Ajoutons que l'espéranto peut aussi aider grâce à ses bénéfiques effets psychologiques sur les élèves. L'aisance avec laquelle les élèves apprennent l'espéranto leur donne confiance en eux et les rend plus enthousiastes à l'idée d'apprendre une langue différente de la leur. L'épanouissement culturel, dû aux contacts avec des espérantistes de plusieurs pays, permet aux élèves de s'intéresser abondamment à la géographie, à l'histoire et aux traditions des pays de leurs éventuels correspondants espérantistes.
Le dernier argument porte sur la structure grammaticale propre de cette langue. Chaque langue vernaculaire a une structure propre, mais les exceptions aux règles empêchent parfois de la distinguer. Celle de l'espéranto est basée sur le principe de régularité et de l'analyse grammaticale immédiatement perceptible (voir l'article de Claude Piron sur les structures linguistiques comparées du français, de l'anglais et de l'espéranto). La grammaire de l'espéranto est d'autant plus intéressante qu'une même phrase peut se tourner de plusieurs manières différentes, chaque tournure pouvant correspondre à tel ou tel groupe de langues vernaculaires.