Vera da pozzo (au pluriel vere da pozzo) est un terme italien pour définir une margelle de puits typiquement vénitienne souvent revêtue de décorations marmoréennes.
Elle est l'équipement d'utilité publique indispensable à l'approvisionnement en eau potable de la République de Venise jusqu'à la construction de son premier aqueduc à la fin du XIXe siècle.
À l'origine, elle se présente fort modestement pour devenir, aux cours des siècles, un mobilier urbain à la décoration de plus en plus élaborée. La vera da pozzo est construite surélevée, par une ou plusieurs marches, pour empêcher l'infiltration d'eau salée lors du phénomène de l'Acqua alta. La partie inférieure pouvait servir aussi à abreuver les animaux.
Elle offre l'aspect d'un petit monument de forme circulaire, cubique, polygonale enrichie de motifs sculptés de plantes, de guirlandes de fleurs et de fruits, de putti, têtes de lion, allégories ... Les margelles privées arborent souvent les blasons des familles patriciennes. Celles publiques exhibent les armoiries de la commune, inscriptions commémoratives, ou des motifs maritimes symbole de la « Sérénissime ». Quelques unes sont des réemplois de grands chapiteaux provenant de constructions de l'époque romaine.
En 1858, selon l’Ufficio Tecnico Comunale il existe 8 000 pièces (privées et publiques) au total dans les îles de la lagune. Malheureusement au XIXe siècle ce patrimoine culturel, artistique et historique fait l'objet d'un intense commerce qui se déroule jusqu'en 1866 surtout durant l'empire autrichien d'où les œuvres rejoignent l'Allemagne et la Russie, et après le rattachement de Venise à l'Italie, vers d'autres pays européens ainsi que l'Amérique. Actuellement, dans ses six sestieres, 232 margelles de puits sont encore accessibles au public dont 187 sont faites en pietra d'Istria et 43 en « marbre de Vérone ».