Avec la croissance du tourisme, la cartographie illustrée réapparaît comme forme d'art populaire pendant une période qui ira des années 1920 jusqu’aux années 1950, souvent avec un style d'Art déco caractéristique de la période.
Un autre regain de popularité a eu lieu au cours des années 1970 et 1980. C'était l'apogée de compagnies comme Archar et Descartes qui ont produit des centaines de cartes promotionnelles aux couleurs vives, surtout de villes américaines et canadiennes.
Dans ces « City Character Prints », les entreprises locales étaient flatteusement illustrées avec leurs logos fièrement fixés sur leurs bâtiments. En regardant ces cartes et leurs commanditaires au fil des ans, il est intéressant d’y voir la dernière vague de transformation économique en y observant les illustrations d'usines manufacturières qui cèdent leur place à celles des parcs d'affaires et aux logos de l’économie de service et de la haute technologie.
Aujourd'hui, comme dans toutes les autres formes de graphisme et de média, la révolution numérique a changé la façon dont les cartes illustrées sont préparées et exécutées. Mais comme toute forme d’art il s’agit toujours d’un travail ardu et subjectif plutôt que technologique, Dans l'ère où Google Earth peut fournir un aperçu de n'importe quel point sur le globe, il est étonnant de constater que beaucoup des belles réalisations d’antan ont été exécutées avant l’avènement de l’avion ou même de la photo. Qu’elles soient dessinées avec plume, stylo ou pixel, les cartes picturales sont toujours exécutées à l’échelle de l’imagination.
Pendant que la cartographie évoluait, sa variante picturale connut un regain de popularité au XIXe siècle avec le développement des chemins de fer.
Entre 1825 et 1875, des milliers de plans de ville furent produits aux États-Unis et la production et la collection de ces cartes panoramiques devinrent presque une manie. Un peu comme les sites Internet de leur temps, chaque agglomération devait avoir la sienne pour demeurer compétitive dans la sollicitation des industries et de la main-d’œuvre immigrante..
Quelquefois, l'exagération artistique de ces cartes frôlait la fraude. Certains voyageurs se voyaient attirés par d'idylliques images de villes pittoresques avec des industries florissantes pour n’y trouver qu’une triste et petite agglomération de baraques boueuses à leur arrivée. La Bibliothèque du Congrès (Library of Congress) des États-Unis possède une vaste collection de ces cartes, dont beaucoup sont toujours imprimées et vendues aujourd'hui.
Ironiquement, malgré tous les changements qu'elles enregistrent, les méthodes pour produire les cartes illustrées, elles, n’ont presque pas changé au cours des siècles. Ces tableaux ont toujours eu une mission économique d’étaler les atouts d’une région, d’attirer les visiteurs et de susciter la fierté locale. Les illustrateurs de ces cartes étaient pour la plupart des spécialistes itinérants. Ils voyageaient de ville en ville et recrutaient l’assistance d’organisations civiques, de commerçants, et d’industriels locaux dont l'appui garantissait une parution prééminente de leurs bâtiments sur la carte.
Edwin Whitefield par exemple, un des prolifiques illustrateurs américains du XIXe siècle, exigeait environ 200 abonnés avant qu'il ne mette crayon sur papier. Dès qu'il avait assuré la rentabilité de son affaire, on voyait Whitefield partout dans la ville esquisser furieusement chaque bâtiment. Puis, après avoir choisi une position aérienne imaginaire, il intégrerait toutes ses esquisses en un dessin panoramique complet et détaillé de la ville. Et après cela, disent les chroniqueurs du temps, on revoyait Whitefield courir furieusement partout dans la ville cette fois pour acquitter la note de tous ses commanditaires.
Selon Jean-Louis Rheault, un artiste contemporain de cartes illustrées, Les choses n’ont pas changé du tout depuis lors.