Contrôle des naissances au Tibet - Définition

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Critiques et réfutations

L'avis de l'historien et spécialiste du Tibet A. Tom Grunfeld

Dans son libre The Making of Modern Tibet, A. Tom Grunfeld fait remarquer que dans les années qui suivirent la publication en 1960 du rapport du Comité d'enquête juridique (Legal Inquiry Committe ou LIC), un comité émanant de la Commission internationale des juristes, aucun examen clinique de témoins ne fut entrepris pour vérifier le bien-fondé des accusations d'avortements forcés.

Le rapport du démographe Yan Hao sur la population tibétaine en Chine

Yan Hao est un démographe chinois appartenant à l'Institut de recherches économiques de la Commission d'État pour la planification et le développement à Pékin. Ce dernier a publié en 2001 un rapport très complet sur le contrôle des naissancesTibetan Population in China: Myths and Facts Re-examined – réfutant les informations données par le gouvernement tibétain en exil.

« Mythes et réalités passés au peigne fin »

Yan Hao explique que dans la région autonome du Tibet les programmes de planification familiale ne concernent que les employés du gouvernement. On ne cherche pas à imposer le contrôle des naissances aux fermiers et aux pasteurs qui vivent dans les vastes espaces à faible densité de population de la région. D'après les chiffres de 1993, 92,4% des citadines Han en âge de procréer utilisaient une méthode de contraception tandis que pour les Tibétaines le taux était de 50,6% dans les villes et de 18,9% dans les zones rurales. Rien ne permet d'affirmer que les jeunes femmes ayant un enfant ou n'en ayant pas soient systématiqement stérilisées. D'une part l'obligation de l'enfant unique ne s'applique pas aux couples tibétains, d'autre part le contraceptif le plus fréquemment utilisé en Chine par les femmes ayant un enfant est le stérilet. La stérilisation n'est proposée ou plus ou moins imposée qu'aux femmes qui ont déjà deux ou trois enfants. Entre 1980 et 2000, environ 100 millions de Chinoises ont subi une stérilisation (pour la plupart d'entre elles, ce n'était pas un choix volontaire) mais il n'existe pas un seul cas où une femme n'ayant pas encore procréé ait été stérilisée.

Yan Hao a la même conclusion que Goldstein et Beallà la suite de recherches que ces derniers avaient menées sur le terrain en 1986-1988 : la région autonome du Tibet, loin d'avoir été soumise à une politique draconienne de contrôle des naissances, a connu en fait une forte croissance démographique, ce qui est confirmé par les résultats des recensements. Les familles tibétaines rurales ont en moyenne de 4 à 5 enfants. Il n'est pas rare de rencontrer des familles ayant de 7 à 8 enfants.

D'où viennent ces allégations de méthodes coercitives de contrôle des naissances ? La plupart, poursuit Yan Hao, viennent de réfugiés tibétains en Inde qui, pour s'attirer le soutien des autorités, exagèrent ou simplement inventent. Il reconnaît qu'il peut y avoir eu des abus isolés dans les provinces du Qinghai et du Sichuan car les réglements locaux y sont différents de ceux de la région autonome et que la planification familiale a pu y être appliquée avec plus de rigueur, en raison de la nécessité de combattre une surpopulation déjà existante.

Commentaires de Robert Barnett

Robert Barnett commente le rapport de Yan Hao en ajoutant qu’on ignore si et comment ces lois sont appliquées dans la région autonome du Tibet. Il fait remarquer que Yan Hao ne considère pas les récits des réfugiés tibétains comme significatifs, cependant ses remarques corroborent des recherches universitaires selon lesquelles la plupart de déclarations des réfugiés sur les maltraitances concernent des secteurs à l'est de la région autonome du Tibet.

Une exception aux allégations d'« avortements, de stérilisations et d'infanticides forcés » : Pala

Dans son étude démographique sur la région de Pala dans le Changtang occidental, le tibétologue américain Melvyn C. Goldstein a mis en évidence le fait que de 1959 à 1990 les familles nombreuses avaient continué à être la norme chez les pasteurs nomades et qu'aucune contrainte n'avait été imposée à ces derniers :

« Malgré des allégations répétées de la part de l'Occident que les Chinois avaient imposé une politique stricte de contrôle des naissances au Tibet, où "les avortements, stérilisations et infanticides forcés sont quotidiens" (New York Times, 31 janvier 1992), il n'y a pas eu à Pala de politique de réduction des naissances, et encore moins de preuves d'avortements, de stérilisations ou d'infanticides ».

L'étude des grossesses d'un échantillon de 71 femmes âgées de 15 à 59 ans permet d'affirmer qu'aucune politique de contrôle des naissances visant à réduire le nombre de naissances à deux, voire trois, n'était en vigueur. Bien plus, aucun nomade de Pala n'a dû payer d'amende pour avoir eu un troisième, quatrième, cinquième enfant et au-delà, et ces enfants ont joui de tous leurs droits au sein de la communauté.

Stérilisations et avortements sous la contrainte : des abus localisés

Se référant aux travaux conduits par Goldstein sur 13 villages de la région autonome et à ses propres recherches menées dans le Qinghai, le spécialiste en économie du développement Andrew Martin Fischer estime que les allégations d'abus dans le contrôle des naissances concernent, pour un grand nombre d'entre elles, les zones tibétaines en dehors de la région autonome du Tibet, et, dans la plupart des cas, renvoient aux années 1980 et au début des années 1990. Il voit dans ces abus moins une politique érigée en système que des excès de zèle très localisés et brefs.

Témoignage de géographes américains sur la natalité en région autonome du Tibet en 2007

Ayant parcouru le Tibet rural et urbain en 2007, deux géographes américains font état de leurs impressions sur la natalité dans les campagnes :

« On aurait dit qu'il y avait des bébés partout au Tibet, où les familles hors de Lhassa sont autorisées à avoir jusqu'à trois enfants (...). Au moins les Chinois n'ignorent-ils pas les réalités de l'existence dans le Tibet rural et autres régions autonomes, où une famille nombreuse est nécessaire pour répondre aux gros besoins de main-d'oeuvre d'un mode de vie agricole ou de subsistance. Le fait que les familles à plusieurs enfants soient autorisées dans ces régions, exonère également les Chinois de l'accusation d'utiliser la politique de l'enfant unique pour faire disparaître les ethnies minoritaires ».
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