Analyse phylogénétique
En tenant compte de la structure biologique spécifique des différentes espèces animales, le mot sexualité désigne les conséquences suivantes de l'état sexué :
- La première conséquence, anatomique et physiologique, qui est commune à tous les animaux sexués, est en général l'existence dans chaque espèce d'un organisme mâle et d'un organisme femelle. Ces organismes sexués possèdent des cellules, des organes, des appareils et des processus physiologiques spécialisés et complémentaires (régulation par les hormones sexuelles, cellules germinales, appareil reproducteur, ovaire, pénis, utérus, …), qui sont spécifiquement destinés à permettre la reproduction.
- La seconde conséquence, comportementale, est l'existence absolument nécessaire d'un comportement dit sexuel qui permet le rapprochement des organismes mâles et femelles afin de réaliser la fécondation.
- A noter que chez la plupart des animaux, en raison de l'importance des hormones sexuelles et des phéromones, le comportement sexuel est un comportement de reproduction (le but est la copulation), tandis que chez les primates hominoïdes, en raison de l'importance du développement du cortex cérébral, le comportement sexuel devient un comportement érotique (le but est la stimulation du corps et des organes génitaux).
- La troisième conséquence, émotionnelle, mais qui n'existe que chez les animaux les plus développés (oiseaux et mammifères) en raison de l'apparition du système limbique, est l'existence d'émotions spécifiques à la sexualité : en particulier l'attachement au partenaire, et, dans certaines espèces (chimpanzé, Homme, et peut être dauphin), le plaisir érotique.
- Enfin, la quatrième conséquence, cognitive, qui n'existe que chez l'Homme en raison de l'extrême développement du néocortex, est la capacité cognitive à élaborer tout un ensemble de représentations, de symboles, de croyances et de valeurs spécifiques à la sexualité.
Ces quatre conséquences sont identifiées et distinguées les unes des autres parce qu'elles dépendent de l'organisation et de l'activité de systèmes biologiques et neurobiologiques distincts.
Nécessité d'une base biologique pour la définition
Le fondement de la sexualité repose sur les stratégies de reproduction. Pour tous les phénomènes qui ont un rapport important avec la biologie, il semblerait que la moins mauvaise définition que l'on puisse élaborer est celle qui est basée sur l'existence prouvée de structures matérielles et/ou fonctionnelles dans l'organisme étudié. En effet, en dernière analyse, c'est la structure biologique qui est à l'origine de ces phénomènes. De plus, les définitions peuvent alors être réexaminées en fonction de l'évolution des connaissances biologiques futures, et ainsi toujours correspondre au mieux à la réalité structurelle et fonctionnelle des organismes vivants. Chez nombre d'espèces, la sexualité reste pourtant bien séparée de la reproduction.
Pour ces raisons, il semble absolument nécessaire, dans l'étude de la sexualité, tant par rapport aux comportements, aux aspects psychiques ou aux phénomènes culturels, de tenir compte de l'organisation biologique structurelle et fonctionnelle des organismes.
Synthèse
Le mot sexualité désigne les phénomènes suivants :
- L'existence biologique d'organismes sexués, qui ont un sexe mâle ou femelle, et qui ont chacun des caractéristiques spécialisées et complémentaires spécifiquement destinés à permettre la reproduction.
- Le comportement sexuel, qui est chez la plupart des animaux un comportement de reproduction (le but est la copulation), est chez les primates hominoïdes un comportement érotique (le but est la stimulation du corps et des organes génitaux).
- Tous les aspects affectifs et émotionnels (attachement, désirs et plaisirs érotiques, passions, etc.) en relation avec le comportement sexuel.
- Tous les aspects cognitifs et culturels (mœurs, représentations, croyances, valeurs, symboles, amour, etc.) qui sont en relation avec les trois phénomènes précédents.