La situation est celle d’une école secondaire d’enseignement professionnel dans un milieu urbain pauvre new-yorkais où l'éducation est non seulement méprisée mais aussi considérée comme inutile. En mobilisant des élèves pour monter le spectacle de Noël de l'école et en utilisant des activités ludiques (dessin animé, magnétophone), le professeur d’anglais a su intéresser les élèves à sa matière. En termes techniques, le professeur d’anglais commence par établir une "alliance pédagogique" avant toute action éducative.
Ce film est une étude réaliste et vigoureuse de la délinquance juvénile dans les milieux urbains populaires américains, et des rapports entre les jeunes (rapports selon les origines ethniques - Afro-américains, Portoricains, Irlandais, WASP, Sino-Américains ...- et rapports en fonction des clans, des bandes, des gangs). Miller, le seul élève noir de la classe de Dadier, interprété par Sidney Poitier est, parmi les autres élèves, l'élément le plus digne, le plus courageux et le plus lucide, c'est un chef-né, et c'est grâce à sa collaboration que le professeur va inculquer à ses élèves un comportement positif. Ce film va à l'encontre de beaucoup de préjugés en vogue à l'époque.
Ce film reste incontestablement un film novateur, quelque peu avant-gardiste, et surtout très engagé si on le replace dans son contexte historique (sortie en 1955). D'ailleurs certains considèrent en se basant sur les problèmes actuels de violence juvéniles et scolaires (que l'on peut connaître actuellement) que ce film reste entièrement d'actualité.
Ce film est le premier film qui met du “rock'n roll” dans la musique de film avec le célèbre "Rock around the clock" de Bill Haley et ses “Comets”.
Dans le générique du début, avant même le nom des acteurs, figure cet avis :
Notre système éducatif est basé sur la confiance que nous avons en notre jeunesse. Le problème de la délinquance juvénile, devient particulièrement aigu quand il envahit l'univers scolaire. Les scènes décrites ici sont imaginaires, mais pour lutter contre le danger, il faut d'abord le connaître. C'est dans ce but que nous avons tourné Graîne de Violence
De nombreuses répliques et scènes dans le film montrent aussi le caractère engagé de ce dernier:
Ce film est un film ouvertement anti-raciste bien qu'il fut sorti à l'époque de la ségrégation :
« Quelle que soit leur couleur de peau, nous devons à nos élèves la même éducation. N'ajoutez-pas vos préjugés à ceux du monde ! »(Le principal)
« -Je veux être mécano
-Est-ce vraiment ce que tu veux ?
-Un noir n'a pas le choix. » (Dialogue entre le professeur et Miller, élève noir)
Le réalisateur et l'auteur du livre original ont tenu à montrer que seule l'éducation permet à ces enfants de s'en tirer et d'acquérir un comportement positif. Ils montrent par ailleurs l'incapacité des professeurs à maîtriser le comportement de leurs élèves.
-Je suis pas préparé, on ne m'a pas préparé à maîtriser une émeute (Dialogue entre Dadier et le principal d'un autre lycée)
Par rapport à l'éducation, le film montre aussi des méthodes d'éveil à l'intelligence qui n'étaient pas usuelles à l'époque mais qui ont fait leur chemin depuis, tels le recours au film, au magnétophone (pour améliorer l'expression orale) et aux activités parascolaires (comme la pièce de théâtre).
Ces gosses sont à l'image du monde, perdus, méfiants effrayés. (Un policier)
Dans un an l'armée va venir nous proposer d'enfiler un uniforme, de sauver la planète et de nous faire trouer la peau. Alors si je vais en taule, à ma sortie, peut-être que l'armée voudra plus de moi (Un élève)
Le film cherche aussi à montrer que contrairement aux idées reçues, ces enfants violents et indisciplinés ne sont pas ni des monstres ni des fauves, mais qu'ils sont manipulés par les chefs de clans, et que au fond d'eux-mêmes, comme tous les autres enfants, ils souhaitent s'en tirer. La scène la plus marquante à ce sujet se situe à la fin du film, où l'on voit un élève ramasser un poignard et le casser.