La Grande Synagogue de Dantzig (en polonais: Wielka Synagoga) (en allemand: Neue Synagoge) est la plus grande synagogue de la ville jusqu'à sa destruction par les autorité nazies en 1939. Construite entre 1885 et 1887, Dantzig appartenait alors à l'Empire allemand. Devenue "ville libre" après la Première Guerre mondiale, puis annexée au Reich allemand en 1939, Dantzig est redevenue une ville polonaise après la Seconde Guerre mondiale sous le nom de Gdansk.
Pendant toute la période de domination des rois de Pologne sur la ville, les Juifs sont interdits de séjour dans la ville, ou seulement autorisés à pénétrer pendant un temps très limité pour effectuer leur commerce. Aucune communauté juive ne peut donc se créer avant l'annexion de la ville par la Prusse en 1793.
Avant la Première Guerre mondiale, sous l'Empire allemand, la communauté juive de Dantzig est très semblable à toutes les communautés juives d'Allemagne. Les Juifs se considèrent comme "des Allemands de confession mosaïque" et rejettent en grande majorité les thèses sionistes. Les Juifs jouent un rôle dans l'économie de la ville, principalement dans le commerce et la finance, nettement plus important que leur poids numérique. En 1910, la communauté juive ne compte que 2390 membres soit à peine 1,4% de la population totale de la ville.
Après la Première Guerre mondiale, de nombreux Juifs de Prusse-Occidentale sous domination polonaise se réfugient dans la ville libre de Danzig. En 1929, le nombre d'habitants juifs s'élève à 10448.
La Grande Synagogue est financée par les cinq communautés réformées de Dantzig. Elle est construite par une entreprise de Berlin, Ende et Boeckman, sélectionnée par le conseil de la communauté.
La cérémonie officielle de dédicace a lieu le 15 septembre 1887, célébrée par le rabbin de Dantzig, Kossman Werner, en présence du conseil municipal et des représentants des autres confessions. Les rouleaux de la Torah sont transportés de la vieille synagogue de Dantzig et de deux autres synagogues et placés dans l'Arche Sainte et la Lumière Éternelle est allumée. La Grande Synagogue devient le lieu de réunion des Juifs réformés de Dantzig.
Au début du XXe siècle, la synagogue est un des foyers les plus actifs du judaïsme réformé. Un grand musée du judaïsme contient de nombreux trésors rares et anciens, et plus particulièrement la collection de Lesser Giełdziński. De nombreux concerts sont donnés dans ses murs, et la synagogue devient un centre de conférences où affluent rabbins et professeurs de nombreux pays.
Les années 1920, voient la montée de l'antisémitisme et du parti nazi en Allemagne. Dantzig est lié étroitement à l'Allemagne, malgré sa séparation officielle décidée lors du Traité de Versailles (1919), et devient une ville dangereuse pour les Juifs, surtout après les élections de mars 1933, gagnées par le parti nazi qui dirige alors la ville. La synagogue peu après fait l'objet de deux tentatives d'incendies. Ces incendies ont pu être éteints très rapidement par une milice locale formée par la population juive pour protéger le bâtiment.
Alors que la constitution de la ville libre de Dantzig assure aux Juifs de Dantzig une plus grande protection qu'aux Juifs d'Allemagne, des sympathisants nazis envahissent la synagogue en août 1938 et piétinent les rouleaux de la Torah. Les dirigeants de la communauté décident alors de mettre en sûreté certains des trésors et les archives de la synagogue. Les archives sont expédiées à Jérusalem, la bibliothèque à Vilnius, et le musée aux États-Unis. En même temps, la pression fiscale sur la communauté devenant telle, la synagogue est forcée de vendre ses orgues à Cracovie, les chandeliers à Varsovie et les bancs à Nowy Port.
Le point culminant des menaces se situe dans la nuit du 12 au 13 novembre 1938, prolongation des pogroms de la Nuit de cristal qui se sont déroulés dans le Reich allemand dans la nuit du 9 au 10 novembre. Comme en Allemagne, les SA vandalisent et pillent de nombreux commerces et maisons appartenant aux Juifs. Les synagogues des villes voisines de Langfuhr et de Sopot sont incendiées. La Grande synagogue n'est épargnée qu'en raison de la garde menée par des vétérans juifs de la grande guerre.
Dans les jours qui suivent, plus de 1500 Juifs fuiront vers la Pologne voisine.
Ceci n'est pas suffisant, et début 1939, la communauté juive est forcée de vendre la synagogue au sénat de Dantzig. Le 15 avril 1939 a lieu le dernier office et aussitôt après, le sénat prend le contrôle du bâtiment. Une grande banderole est accrochée sur les grilles du bâtiment avec le texte:
"Komm lieber Mai und mache von Juden uns jetz frei"
(Viens, cher mois de mai, et libère nous maintenant des Juifs).
Le 2 mai 1939, le gouvernement de la ville, dominé par les nazis, commence la destruction de la synagogue.