Symbolique du sanglier - Définition

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Mythes premiers et questions d'aujourd'hui

Sommes-nous là aux racines du bien et du mal, étroitement liés, si proches… ? La laie, la femelle du sanglier, n’est jamais aussi offensive que lorsqu’elle est suitée, lorsqu’elle défend ses petits. Elle applique le précepte guerrier : la meilleure défense est l’attaque.

Le sanglier est-il le symbole d’une sorte de morale « naturelle » qui se serait perpétuée en prenant des formes diverses pour nous parler de vie et de mort ? La « dent sanglante » du sanglier est malgré tout une « défense »…

La guerre prend sans doute son origine dans la protection de la nourriture contre l’ennemi qui veut s’en emparer. Et la protection de la nourriture c’est la protection de la vie qui sans elle s’éteint et ne peut renaître. La force est au service de la protection de la vie. Alors à qui revient l’attaque ? Qui est l’agresseur ? Celui qui manque ? Quand devient-il plus facile ou plus tentant, ou même tout simplement possible, de prendre à l’autre plutôt que de produire soi-même sa propre nourriture ? Certains diront que la cause en est l’abondance, l’accumulation et l’inégalité. On pourrait faire le lien avec la propriété, celle de la nourriture, qui commence avec la domestication des animaux, la propriété du bétail. Puis celle de la terre qui peut être liée à la sédentarisation. Propriété collective sans doute, du groupe, du clan, du village, plus probablement que propriété individuelle d’abord. Mais de celle là il n’y a qu’un pas… Et puis elle suffit à déclencher l’envie, la guerre, entre les clans, les villages…

Donc l’abondance possède cette même dualité, d’être à la fois la vie et la mort… « Abondance de biens ne nuit pas »… fausse bonne morale… comme pour se rassurer… A moins que la véritable abondance ne soit la « pléthore »… auquel cas rien n’empêcherait le partage, si possible équitable… mais qu’est-ce que « équitable » ? Le gros a plus d’appétit que le petit… et alors ? S’il y a pour tous… Pénurie, rareté, abondance, pléthore… Peut-être est-ce ce qui a fait l’histoire de l’humanité et continue à la faire aujourd’hui… La corne d'abondance reste notre symbole de la vie. Elle a été le leit-motiv des sociétés rurales et agricoles. Elle reste le leit-motiv des sociétés post-industrielles. Lorsque nous avons réussi à assurer notre « sécurité alimentaire » par le biais de modernisations agricoles, à rassasier nos estomacs au point que, en la matière, plus serait l’ennemi du bien, et que nous nous interrogeons sur le « bien manger » bien plus que sur le « assez manger », nous avons inventé d’autres pénuries, d’autres envies à rassasier : celles des objets dernier cri, aussitôt désirés, aussitôt jetés… et nous approchons de la victoire, celle de savoir que nos désirs ne seront jamais satisfaits, que cette faim là est proprement insatiable. C'est le « Toujours plus » de François de Closets... et aucune philosophie ne semble pouvoir nous en garder.

Et si nous réalisions ainsi le mythe de Dagda-Teutates, le dieu celte à l’appétit surhumain ?

Le mythe de la croissance indéfinie, c’est le mythe du sanglier, le cochon magique qui grossit éternellement, et celui qu’on mange et qui se recrée chaque nuit.

Les croyances des sociétés occidentales modernes : croire que les ressources naturelles sont inépuisables, croire que la croissance est le remède à tous les maux... plongent peut-être aux sources des croyances indo-européennes.

L’homme néolithique, agriculteur, découvre qu’il peut produire sa propre nourriture et n'a plus à craindre le manque. Mais il découvre en même temps son appétit insatiable. Cela l’effraie car cela signifie qu’il va être condamné à produire encore et toujours plus pour tenter de se rassasier et ce , il en a l'intuition, sans jamais y arriver.

Et alors, comme dit Camus, « il faut imaginer Sisyphe heureux »…

Mais cet homme condamné ne peut s’empêcher de se retourner. Il regarde en arrière vers ce paradis perdu, celui ou il savait se satisfaire du peu, de l’essentiel peut-être, de ce qui rend, malgré tout, Sisyphe heureux.

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