L'abbaye Notre Dame du Mont de Watten, fondée par le prêtre Olfride en 1072, fut le premier monastère de chanoines réguliers en Flandre et un avant-poste de la Réforme grégorienne. Après avoir abrité un collège de Jésuites anglais du XVIIe siècle au XVIIIe siècle, le monastère a été détruit en grande partie à la fin du XVIIIe siècle. sont classés monuments historiques depuis 1909.
La tour de l'abbaye (avec les murs d'enceinte) fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 10 février 1909.
Histoire
Moyen Âge
En 874 une chapelle dédiée à Saint-Riquier est établie au sommet du mont de Watten. En 881 les Normands détruisent entièrement Watten.
Au milieu du XIe siècle un moine anachorète du nom d'Alphume construit une chaumière pour accueillir quelques moines autour de la chapelle dédiée à Saint-Riquier.
Le 8 juin 1072 un monastère sous la règle des Augustins est créé et le prêtre Olfride originaire du Tournaisis devient le premier prévôt. Le monastère est placé sous le vocable de Saint-Nicolas et de Saint-Riquier.
Olfride s'est assuré la protection du comte de Flandre Robert le Frison, petit-fils du roi de France. Un seigneur local du nom de Adam, "forestier" du comte, et Drogon, évêque de Thérouanne, aident Olfride à créer sa communauté, en facilitant son affranchissement de l'abbaye de Bergues Saint-Winoc. Adam fournit les matériaux de la construction. La comtesse douairière Adèle est considérée comme la "bienfaitrice" du monastère. C'est elle qui pose la première pierre du monastère et qui accompagne Olfride à Rome en 1077 pour obtenir la protection du pape Grégoire VII. Pour s'être opposé au clergé de Thérouanne et à l'évêque Drogon accusé de simonie et au sujet de l'élection du prévôt de Bergues Saint-Winoc, Olfride est excommunié en 1079 et meurt à Gand en 1085. Du XIe siècle au XIIe siècle l'abbaye de Watten se dote de nouvelles terres issues de la mise en valeur (polderisation) de la Plaine maritime flamande.
En 1081, un an après le nomination d'Alphume comme second prévôt, le monastère est incendié. En 1088, Bernold succède à Alphume comme prévôt.
En 1097 le chapitre régulier de Watten est placé sous le vocable de Notre-Dame du Mont. Il accueille des reliques en provenance de Terre Sainte: cheveux de la Vierge, reliques de Saint-Nicolas et de Saint-Mathieu. C'est la comtesse Clémence qui assiste à la dédicasse donnée à l'occasion.
En 1168 Thierry d'Alsace meurt et se fait inhummer à Watten, dont il avait fait son lieu de séjour favori.
En 1302 l'abbaye est fortifiée par les Flamands.
Époque moderne
En 1566 le monastère de Watten subit le passage des « briseurs d'image » protestants, lors de la Révolte des Gueux.
À la fin du XVIe siècle, l'abbaye est détruite une nouvelle fois et reconstruite par l'évêque de Saint-Omer. C'est de cette époque que date la tour actuelle de l'abbaye, ainsi qu'une grande partie des murs d'enceinte.
En 1608 des Jésuites anglais sont autorisés à s'installer dans les bâtiments du monastère, afin d'y créer un noviciat. Ce noviciat accueille jusqu'à 100 élèves, et est doté de nombreux bâtiments et jardins. Entre 1644 et 1646, l'abbaye est entourée de fortifications non-recouvertes. Les Jésuites y resteront jusqu'en 1763, puis seront remplacés par des prêtres séculiers.
En 1769 le monastère, rattaché à l'évêché de Saint-Omer, est détruit par l'évêque (sauf la tour et les murs de clôture). Avec les ruines de l'abbaye une résidence d'été et une ferme sont construites, et existent toujours.
En 1789 l'abbaye est vendue comme bien national, la tour échappant à la destruction grâce à son rôle de repère joué auprès des navigateurs.
En 1822 la tour de l'abbaye devient propriété du Ministère de la Marine, puis du Ministère de la Culture lors de son classement en 1909.
Époque contemporaine
Lors de la Seconde Guerre mondiale, l'abbaye est occupée par les Allemands qui font de la tour un poste d'observation.
En 2008 la tour de l'abbaye est rétrocédée à la Commune de Watten.