Ce qui est intéressant de voir maintenant, c'est ce que l'on va retrouver de ces conclusions dans la presse. En effet, si vous cherchez sur le net, le message que vous allez trouver est assez différent de ce que les auteurs de l'étude disent eux-mêmes.
"À forte dose, très largement supérieure aux apports moyens, les deux sources d’AGT ont des effets équivalents ; il n’y a peut-être pas lieu d’exclure les AGTr du calcul de la consommation totale d’AGT lorsqu’ils coexistent dans un aliment ou un régime."
"Les résultats de cette étude suggèrent finalement que la consommation d’AGT d’origine naturelle, même à une dose largement supérieure à la consommation quotidienne constatée, n’a pas d’impact négatif sur les risques de maladies cardiovasculaires. De ce fait, on ne pourrait pas regrouper les 2 sources d’AGT au niveau de recommandations qui visent à réduire leur consommation. Seuls les AGT d’origine industrielle devraient être concernés par cette restriction."
Le CNIEL est le Centre National Interprofessionnel de l'Economie Laitière. "Les études (épidémiologiques et d’intervention) réalisées jusqu’alors montrent que les AGT d’origine technologique consommés en excès pourraient s’avérer délétères notamment en augmentant le risque cardiovasculaire. Les trans d’origine naturelle –et notamment ceux des produits laitiers- ne peuvent en aucun cas être associés à un tel risque et des effets bénéfiques potentiels ne sont pas à exclure."
"Lipides
Etude INRA : seuls les Acides Gras Trans (AGT) industriels (huiles végétales hydrogénées) augmentent les risques de maladies cardiovasculaires (American Journal of Clinical Nutrition du mois de mars 2008 : TRANSFACT, menée avec le CNIEL et Nestlé (Source : PROCESS n°1247 Avril 2008)"
De manière rétrospective, les scientifiques ont des critères pour établir la fiabilité d'une étude. Cette étude avait un faible effectif, une durée limitée et l'absence de groupe contrôle.
Du côté du financement de l'étude, les chercheurs s'interrogent sur un biais éventuel à cause des sociétés qui financent cette recherche. En effet, l'étude Transfact est réalisée par des chercheurs de l'Inra-Université d'Auvergne, le Centre de recherches Nestlé de Lausanne et du Centre national interprofessionnel de l'économie laitière (CNIEL).
Mais, comme on peut le constater, les auteurs annoncent clairement que leur étude ne permet pas de séparer les effets des AGT naturels (issus des ruminants) de ceux des AGT industriels. Cette conclusion neutre, qui n'est pas spécialement en faveur du sponsor, écarte donc tout soupçon de biais, intentionnel ou pas; à moins qu'il ne dissimule le fait que si des différences sont esquissées qui devraient susciter le désir d'engager des études plus précises, ce soit dans le sens où ces différences, à priori non significatives, le soit au détriment des AGT industriels.