À la fin du XIXe siècle, prolifèrent des organismes ou des officines, toutes d'initiative privée, plus ou moins honnêtes et sérieuses, elles proposent à des publics animés par le besoin d'instruction des cours de soutien ou des formations préparatoires à des examens ou à des concours nationaux, administratifs, professionnels ou techniques. Les pouvoirs publics reconnaissent d'ailleurs par une série de décrets la validité de ces préparations et annoncent ainsi un avenir parfois difficile entre opérateurs publics et privés.
En 1864, l'éditeur Hetzel crée le "magasin d'éducation et de récréation", voulue comme une Encyclopédie de l'enfance, instructive et divertissante. Y collaborèrent notamment, Jules Verne, Jean Macé, Hector Malot. On retrouvera ce souci de former avec le "Tour de France par deux enfants" de G. Bruno un livre de lecture courante pour le cours moyen, "best seller" de l'école républicaine, qui inspirera longtemps les méthodes d'apprentissage de la lecture au Cned.
Les éditeurs des publications pour la jeunesse marquent ainsi leur intérêt pour l'éducation et la formation de leur publics, évolution qui conduira certains d'entre eux (Bordas, Éditions de l'École) à proposer plus tard un véritable enseignement à distance. Le pionnier de cette évolution fut Camille Flammarion qui dès 1865, envoyait par la poste des boites de vues fixes (sur plaque de verre) complétées de documents pédagogiques.
Pour répondre par correspondance ou à "domicile" à la croissance rapide de la demande de formations, des entreprises de service voient le jour:
À la veille de la Première guerre mondiale, apparaissent des cours inspirés des formules rodées à l'étranger, plus soucieuses souvent de rentabilité financière que de sérieux pédagogique. Ces cours vont se multiplier au fil des années, sacrifiant aux clichés de la réussite sociale, entretenant l'illusion de formations aussi faciles qu'efficaces, faisant miroiter des succès foudroyants.
À partir de 1920, les organismes de cours par correspondance se consacrent prioritairement au soutien scolaire. En réponse à des demandes lucratives, se livrant entre eux à une âpre concurrence, ils proposent aux élèves qui sont d'abord des clients des services de plus en plus diversifiés.
Cet enseignement recherché par un public de plus en plus nombreux reste l'apanage du secteur privé et se heurte à l'indifférence des pédagogues jusqu'en 1939, l'ouverture des hostilités mettant fin cette situation. En septembre 1939, la guerre est déclarée, les pouvoirs publics créent dans la précipitation et à titre provisoire un service d'enseignement par correspondance et radio. C'est l'acte de naissance du Cned.