Jean-François Gravier est un géographe français, né en 1915 et mort en 2005. Il est principalement célèbre pour son ouvrage Paris et le désert français, publié en 1947 et plusieurs fois réédité par la suite.
Lorsqu'il est étudiant, il développe des idées royalistes puis il est provisoirement tenté par le pétainisme. Entre les deux guerres, il milite dans les rangs maurrassiens et il écrit des articles violents dans des journaux d'extrême-droite (Combat, La Gerbe). Après la défaite de 1940, il est éditeur du journal Idées, mensuel publié à Vichy pour propager la doctrine pétainiste. Évoluant plus à droite encore, il a souvent exprimé son admiration pour Walter Darré, ministre de l'agriculture dans le gouvernement nazi. Gravier déteste la démocratie et l'individualisme : « la démocratie parlementaire dont Pie IX dans le Syllabus a flétri l'idéologie sous le nom de libéralisme et dont le maréchal Pétain a flétri la morale sous le nom d'individualisme, tendait en France à la destruction de la structure française et de ses groupements naturels sous le poids des intérêts particuliers et immédiats »). Il tonne contre les Lumières, les Droits de l'Homme, le suffrage universel et contre les Juifs, éternels déracinés.
À la Libération, Gravier est protégé par le père Lebret, dominicain fondateur de l'Association Economie et Humanisme. Il est ensuite embauché à l'administration du Plan.
La première édition du Désert est rédigée alors que Gravier dirige le Centre de Synthèse Régionale dans le département VI de Bio-sociologie de François Perroux, dans la Fondation Alexis Carrel, prônant l’eugénisme.
Les thèses de Jean-François Gravier, et notamment la métaphore du « désert français », ont été largement repris dans le débat public après 1947. Paris et le désert français est l'ouvrage le plus important de Jean-François Gravier mais son influence n'a pas été immédiate lors de sa publication.
L'idée d'un déséquilibre entre Paris et la province a ainsi été au centre des politiques d'aménagement du territoire menées au cours des années 1950 et 1960, avec la création des métropoles d'équilibres. La politique des villes nouvelles françaises semble en revanche contraire à sa proposition qui consistait non pas à construire des villes à partir de rien mais à réaliser des quartiers nouveaux en bordure des centres anciens.
À la fin du XXe siècle, les conclusions de Gravier sont toutefois remises en cause par certains géographiques et économistes. Laurent Davezies s'y oppose ainsi en considérant que la France est aujourd'hui coupée en deux, entre une France urbaine et industrielle, principalement dans le nord-est, ouverte à la mondialisation, luttant pour se moderniser, souffrant du chômage et produisant le gros de la richesse nationale et une France des petites villes et des campagnes, principalement dans le sud-ouest, offrant des services avec une faible productivité, donc sans grand chômage, une agriculture déficitaire et vivant de subventions.Mais M. Davezies oublie qu'en 1947, M. Gravier ne pensait pas au-delà de la France des années soixante et en tous cas du tout à la France de l'après crise du pétrole de 1973, à l'occasion de laquelle le Nord et l'Est ont commencé à sombrer. Paris et l'Île-de-France seraient selon M. Davezies en train de s'effondrer alors que la région assure 30 % des ressources de l'État et soutient le reste de la France; malheureusement, les derniers chiffres de population ne montrent pas le moindre fléchissement de la métropole parisienne. En revanche, Bernard Marchand, dans une étude assez complète sur Les ennemis de Paris, montre la continuité des attaques contre la capitale depuis au moins deux siècles, dont l'ouvrage de Jean-François Gravier représente le point culminant. Un colloque international organisé au Centre International de Cerisy-la-Salle en juin 2007 a montré combien cette hostilité envers la grande ville a été largement répandue dans de nombreux pays.