Moïse Maïmonide - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

Influence

Maïmonide fut l'un des rares penseurs du judaïsme médiéval dont l'influence rayonna au-delà des cercles juifs.

Cette influence, perdura jusqu'aux Lumières : Spinoza, Moïse Mendelssohn, considéré par certains comme son successeur (pour certains, il serait même le "troisième Moïse", cf. épitaphe)...

De nos jours, il est l'un des philosophes juifs les plus respectés et ses théories reprennent force et vigueur dans la pensée juive contemporaine.

Au cours des siècles suivants, l'influence de Maïmonide fut source de conflits entre maïmonidiens et antimaïmonidiens. Mais la plupart des penseurs restent partagés, reconnaissant le génie de l'homme et sa vision aristotélicienne du monde, mais rejetant les éléments qu'ils considèrent comme en désaccord avec la tradition.

Le plus important critique de la philosophie maïmonidienne, et aristotélicienne en général, fut Hasdaï Crescas, l'auteur de Or Hashem. Sa critique entraîna de nombreux savants du XVe siècle à défendre les travaux de Maïmonide.

Voir aussi : Philosophie juive

Les 13 principes de la foi

Enoncés pour la première fois dans son Commentaire sur la Mishna (traité Sanhédrin 10:1), ils furent soumis à des critiques ardentes, comme pratiquement tous ses écrits.

Ils furent néanmoins rapidement considérés comme fondamentaux, et ont été versifiés sous forme de l'hymne Ygdal. On les connaît néanmoins sous leur forme originale, Ani Maamin ... (Je crois).

Énumération des principes

  1. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est le Créateur et Maître de toutes les créatures, et que Lui seul fit, fait, fera toutes choses.
    • Dieu peut tout, sait tout, et Il n'a pas de limite - Il Est sans limites, et aucune limite ne L'entrave, ce qui explique qu'Il puisse S'occuper du monde et de chacun simultanément. C'est Lui qui a créé le mal (Isaïe l'écrit explicitement).
  2. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est Un et Unique; Il est Un dans une Unité comme il n'y en a nulle autre; et Lui seul fut, est, sera notre Dieu.
    • Dieu est Un. Il Est non pas Un et Unique, mais l'Un et l'Unique - fondement du monothéisme, pour lequel non seulement il n'y a qu'Un Créateur du monde, mais en outre, Il ne fait qu'Un avec le Dieu providentiel garant de la morale, et du libre arbitre de l'homme. S'Il Est nommé par différents Noms, c'est que les hommes, incapables de Le comprendre, car Il les trancende complètement, sont obligés d'exprimer Ses différents aspects dans le monde.
  3. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est incorporel; qu'Il est libre de toute représentation et propriété anthropomorphique, et qu'Il n'a aucune ressemblance.
    • Dieu est non-physique, incorporel et éternel, c'est-à-dire intemporel - Toutes les sentences anthropomorphistes dans la Bible et la littérature rabbinique sont des à-peu-près du langage, ou des métaphores; il serait impossible de parler au commun de Dieu sans elles.
  4. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est le premier et le dernier.
    • Il est antérieur au monde, lequel n'est donc pas éternel, contrairement à ce que pense Aristote.
  5. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, est le Seul auquel l'on peut adresser ses prières, et qu'il est inapproprié d'adresser ses prières à quiconque d'autre.
    • Ce fut la faute des gens de la génération d'Enosh, et les sources de l'idolâtrie, selon la Bible,lorsque les gens commencèrent à prier des corps célestes, comme le soleil, ou séparés, comme des anges,d'intercéder auprès de Lui en leur faveur
  6. Je crois d'une foi entière que tous les mots des Prophètes sont vérité.
  7. Je crois d'une foi entière que la prophétie de Moïse notre maître, la paix soit sur lui, était vraie, et qu'il fut le père de tous les Prophètes, ceux qui l'ont précédé et ceux qui l'ont suivi.
    • La Bible hébraïque - et beaucoup de croyances rapportées dans la Mishna et le Talmud - est considérée comme fruit d'une révélation divine, ainsi que les dits des prophètes (même si, par ailleurs, Maïmonide rationalise la prophétie, sa thèse étant que le prophète parfait ne fait qu'un avec le philosophe parfait) - L'expression de cette relation, et ce qu'on entend exactement par "divin" lorsqu'on parle d'un livre, est, a toujours été, et sera encore source de dissensions au sein des Juifs, menant à divers courants théologiques.
  8. Je crois d'une foi entière que toute la Tora que nous possédons actuellement fut donnée à Moïse notre maître, que la paix soit sur lui.
    • Comme quoi, la polémique sur le Deutéronome ne date pas d'hier...
  9. Je crois d'une foi entière que cette Tora ne sera pas changée, et qu'il n'y aura aucune autre Tora donnée par le Créateur, que Son Nom soit béni.
    • Allusion au Nouveau Testament et au Coran
  10. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, connaît tous les actes et toutes les pensées des humains, ainsi qu'il est dit (Psaumes 33:15) : "C'est Lui qui façonne les cœurs de tous, Lui qui perçoit tous leurs actes"
    • Allusion à la philosophie d'Aristote, qui professe que Dieu ne connaît pas le particulier, et que Ses actes intéressent la collectivité, et non l'individu. Cependant, Sa prescience n'exclut en rien le fait qu'Il nous ait donné le libre arbitre, sans quoi l'article suivant n'aurait pas de sens
  11. Je crois d'une foi entière que le Créateur, que Son Nom soit béni, récompense ceux qui suivent Ses commandements, et punit ceux qui les transgressent.
    • L'âme est pure à la naissance, et les êtres humains ont un libre arbitre, avec tant un yetzer ha'tov ("bon côté") qu'yetzer ha'ra (mauvais côté), qui les entraîne à faire des "bonnes" ou "mauvaises" actions. Encore tout n'est-il pas manichéen : le yetser hara peut conduire à de bonnes actions, et inversement; "l'enfer est pavé de bonnes intentions", etc.
    • Par ailleurs, les gens peuvent "revenir" de leurs péchés par des actes et des paroles, sans intermédiaires, par la prière (tefilla), la pénitence (teshouva), et la tsedaka, si cela s'accompagne d'une sincère décision de ne plus commettre ces actes inacceptables et si l'on fait amende honorable envers ceux et celles qu'on a lésés. "Il y a toujours moyen de revenir à Dieu".
  12. Je crois d'une foi entière à la venue du Messie, et même s'il tarde, j'attendrai chaque jour sa venue.
    • Il y aura un mashia'h (Messie), ou peut-être une ère messianique.
    • Il eut par ailleurs une grande portée dans l'histoire des Juifs, puisqu'il fut utilisé par les polémistes chrétiens (souvent des Juifs apostats contre les Juifs eux-mêmes, et entraîna la rédaction des Ikkarim de Joseph Albo
  13. Je crois d'une foi entière que la résurrection des morts se produira au moment voulu par le Créateur, que Son Nom soit béni, et que Son souvenir soit exalté pour toujours, à jamais.
Page générée en 0.111 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise