Les quatre espèces ont un point commun, hélas : elles sont toutes menacées à brève échéance, du fait de la déforestation.
Outre la destruction systématique de son habitat, le Petit singe-lion doré (Leontopithecus rosalia) a souffert de nombreuses captures. Sa beauté lui vaut d’être apprécié comme animal de compagnie. Déjà, Madame de Pompadour en possédait un spécimen ! Exportée par centaines vers les zoos avides d’exposer de telles merveilles, chassée pour sa chair, cette espèce est passée tout près de l’extinction (moins de 200 individus au début des années 70). Si près qu’elle est devenue aujourd’hui le symbole de la protection de la nature au Brésil, à l’image du Panda en Chine.
Ce sublime porte-drapeau est l’objet de réintroductions réussies, notamment dans la réserve biologique de Poço das Antas (52 km²) créée en 1974, grâce à la persévérance de Denise Mareal Rambaldi, directrice exécutive de la Brazil's national Golden lion tamarin association, et de ses collègues. Située à une centaine de kilomètres au nord de Rio de Janeiro, Poço das Antas est un refuge où l’homme n’a pas encore exterminé les jacarés (caïmans) et les loutres, ni coupé tous les figuiers, pau-brasil et ipês verdoyants. Au sein de la réserve, ils sont plusieurs centaines de petits singes-lions dorés à se gorger du nectar visqueux des clusiacées en compagnie du Ouistiti commun (Callithrix jacchus) - lui aussi introduit mais involontairement et avec lequel il ne se querelle jamais (les deux primates n’occupant pas exactement la même niche écologique). Le taux de survie des spécimens importés est de 36% et va sans cesse améliorer avec l’expérience accrue des scientifiques en matière de réintroduction.
L’opération « Compte à rebours 2025 » a pour mission de faire passer la population à deux mille individus d’ici l’an 2025, avec comme étape intermédiaire « Mico 1000 », un stade d’ores et déjà atteint. En effet, fin 2001, les effectifs sont remontés à quelque mille individus répartis en quatre principales populations et plus d’une centaine de groupes, une douzaine d’entre eux évoluant dans des îlots forestiers difficilement viables à long terme. Un programme complexe de reboisement est en cours, qui profite déjà à de nombreuses autres espèces comme le fragile Aï (paresseux tridactyle) dont le but ultime est de recréer des corridors végétaux entre ces îlots forestiers morcelés avec la coopération des propriétaires terriens.
Trois des quatre espèces affectionnent la forêt primaire mature riche en broméliacées. C’est là qu’elles trouvent le plus facilement le dortoir idéal, un trou dans le tronc d’un grand et vieil arbre en décomposition qui les abritera des intempéries et des prédateurs. Le petit singe-lion à croupe dorée (Leontopithecus chrysopygus) offre une écologie distincte des trois autres. Il habite des forêts marquées par une haute saisonnalité où manquent les plantes épiphytes, vit en groupes restreints (3-4) sur un plus vaste domaine que ses cousins et consomme davantage de gomme qu’eux.