Theodor Zwinger l'Ancien, né à Bâle le 2 août 1533, mort à Bâle le 10 mars 1588, est un savant suisse, célèbre médecin, et chef d'une famille qui pendant trois siècles, n'a pas cessé de produire des hommes distingués dans les sciences.
Il était fils d'une sœur de l'imprimeur Jean Oporin et de Léonard Zwinger, pelletier ou corroyeur, originaire de Bischofszell, dans la Turgowie. Quoique pelletier ou corroyeur (pellio), Léonard Zwinger était d'une ancienne et illustre famille. Plusieurs de ses ancêtres avaient rempli des charges importantes ; et son père avait reçu, des lettres de noblesse, en 1492, de l'empereur Maximilien Ier.
A l'âge de cinq ans, il eut le malheur de perdre son père ; mais il trouva dans la tendresse d'Oporin et de Conrad Lycosthenes, à qui sa mère s'était remariée, tous tes secours nécessaires pour développer les heureuses dispositions dont la nature l'avait doué. Ce fut à l'école de Thomas Plater, habile grammairien, qu'il apprit les éléments des langues anciennes, et il ne tarda pas à surpasser tous ses condisciples. Dans les représentations théâtrales qui, suivant l'usage, terminaient l'année scolastique, on choisissait Theodor pour remplir le personnage de l'Amour. Sa manière vive et enjouée de réciter son rôle et ses grâces enfantines lui valaient chaque fois des applaudissements que son biographe regarde comme un présage certain de ceux qu'il devait recueillir un jour sur la scène du monde.
Admis en 1548 à l'académie, il y suivit avec succès les leçons des professeurs ; mais entraîné par le désir de voyager, il sortit un jour de Bâle, plus chargé de livres que d'argent, et se dirigea sur Lyon, persuadé que son talent pour la poésie ne pouvait manquer de lui procurer partout des amis et des protecteurs. À son arrivée dans cette ville, il fut reçu prote dans l'atelier typographique des Bering ; et il y resta trois ans, qui ne furent pas perdus pour son instruction.
Il se rendit ensuite à Paris, où il fréquenta les cours des plus célèbres professeurs, entre autres de Petrus Ramus, dont Théodore eut l'occasion dans la suite de reconnaître le bienveillant accueil. Après cinq années d'absence, il revint à Bâle en 1553 ; mais par le conseil de Pietro Perna, imprimeur de Lucques, expatrié pour cause de religion, il partit presque aussitôt pour l'Italie. Zwinger, après avoir suivi les cours de l'académie de Padoue, vint à Venise pour y perfectionner ses connaissances dans la société des hommes les plus instruits. Son beau-père, déjà malade et qui se proposait de l'associer à la rédaction de ses ouvrages, le pressait de revenir à Bâle. Avant de quitter l'Italie, il reçut le laurier doctoral à la faculté de médecine de Padoue. À son retour à Bâle (1559), ses amis, pour l'y fixer, lui firent épouser la veuve d'un richie négociant. Libre dès lors de suivre ses goûts studieux, Zwinger partagea ses loisirs entre la culture des lettres et la pratique de la médecine. Sa nomination, en à la chaire de langue grecque de l'académie, lui fournit les moyens de rendre ses talents et son érudition utiles à la jeunesse. Il passa de cette chaire, en 1571, à celle de morale ; et, en il fut nommé professeur de médecine théorique. Sans rien relâcher de ses devoirs, il trouva le loisir de composer un grand nombre d'ouvrages et de continuer ses soins aux pauvres malades, leur fournissant gratuitement tous les remèdes dont ils avaient besoin. Une épidémie s'étant manifestée à Baie, Zwinger redoubla de zèle pour dérober à ce fléau un plus grand nombre de victimes ; mais, atteint lui-même de ce mal funeste, il annonça qu'il succomberait le onzième jour, et mourut en effet, dans de grands sentiments de piété, le [10 mars] 1588. Il avait composé, la veille de sa mort, une imitation en vers latins du psaume 122, qui fut imprimée sous ce titre : Precatio cycnea Th. Zwingeri. C'était un homme d'un mérite rare, joignant à de grands talents toutes les qualités du cœur. Jacques-Auguste de Thou, qui l'avait vu fréquemment pendant son séjour à Bâle, dit qu'il goûtait un plaisir extrême dans sa conversation, et loue sans réserve la politesse de son esprit, son savoir et sa candeur (voir les Hommes illustres de Teissier, t. 3, p. 447).
Outre une édition des Œuvres de [Cattani], avec une préface ; des Commentaires sur quelques-uns des livres de Galien, sur le dixième livre des Ethiques et le huitième de la Politique d'Aristote ; et enfin une édition des Œuvres d'Hippocrate (1579, in-fol.), avec la version latine de Cornaro, retouchée, et des notes excellentes, on a de Zwinger :
On trouve le portrait de Theodor Zwinger gravé en bois, avec un assez grand nombre de pièces à sa louange, recueillies par Valentin Thiloligius, l'un de ses disciples, dans les Icônes aliquot virorum clarorum de Nicolas Reusner, Bâle, in-8. Zeltner lui a consacré une notice dans son histoire des correcteurs célèbres (Theatrum virorum eruditorum ; elle est plus exacte et plus détaillée que l'article du Dictionnaire de médecine d'Eloy, copié par tous les biographes du XIXe siècle mais la meilleure Vie de Zwinger est celle que l'on trouve dans les Athenœ rauricœ, p. 208-244.