Australopithecus bahrelghazali | |||||||||
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Classification | |||||||||
Règne | Animalia | ||||||||
Embranchement | Chordata | ||||||||
Sous-embr. | Vertebrata | ||||||||
Classe | Mammalia | ||||||||
Ordre | Primates | ||||||||
Famille | Hominidae | ||||||||
Sous-famille | Homininae | ||||||||
Genre | Australopithecus | ||||||||
Nom binominal | |||||||||
Australopithecus bahrelghazali Brunet et al., 1996 | |||||||||
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Australopithecus bahrelghazali (Michel Brunet 1995) est une espèce fossile d'hominidés appartenant au genre Australopithecus. Elle aurait vécu entre 3,5 et 3,0 millions d'années BP en Afrique occidentale et serait donc contemporaine des Australopithecus afarensis d'Afrique orientale.
L'unique spécimen connu consiste en un fragment de mandibule découvert au Tchad à Bahr el Ghazal (« fleuve des gazelles ») près de Koro Toro, par l'équipe franco-tchadienne de Michel Brunet en 1995.
Il a été surnommé « Abel » en hommage au géologue Abel Brillanceau, un collègue de Michel Brunet mort en 1989 au Cameroun.
L'âge d'Australopithecus bahrelghazali était estimé entre 3,5 et 3,0 Ma sur la base de données biochronologiques.
Une datation absolue de 3,58 +/- 0,27 Ma, obtenue grâce à la méthode du béryllium 10 / béryllium 9, a été publiée en mars 2008 par une équipe française pour le niveau de sédiment qui renfermaient le fossile.
La mandibule d'Abel a conservé une incisive, deux canines et les quatre prémolaires. Les dents sont très robustes et rappellent celles des Australopithèques de l'Afar ; elles s'en distinguent par la forme de la symphyse mentonnière et par l'existence de trois racines pour les prémolaires au lieu de deux.
Australopithecus bahrelghazali appartiendrait à une lignée évolutive distincte de celle d'Australopithecus afarensis, ce qui n'a rien de surprenant si l'on considère que la distance entre Tchad et Afar est de 2 500 km.
La découverte d'Australopithecus bahrelghazali, puis celle de Sahelanthropus tchadensis en 2001 dans la même région, ont conduit à remettre en question la théorie de l'East Side Story popularisée par Yves Coppens. Ce modèle séduisant expliquant l’apparition de la lignée humaine en Afrique de l'Est par un changement climatique majeur lié à la formation du grand rift avait déjà été ébranlé par la mise en évidence d’une locomotion encore largement arboricole chez certains Australopithèques.
Il s'agit du premier Australopithèque retrouvé à l'ouest de la vallée du Rift. Le fossile provient d'une sablière peu stabilisée qui appartient à une série sédimentaire d'origine fluvio-lacustre. Au cours de la sédimentation des phases d'évaporation se sont produites dans les périodes sèches.
La faune associée comprend des poissons-chats de grande taille, des tortues terrestres et aquatiques et des crocodiles au museau allongé.
Parmi les mammifères, on compte un hippopotame, un éléphant, un rhinocéros, un hipparion et un sivatherium (girafe au corps massif, au cou court et aux cornes gigantesques) ainsi que de nombreuses espèces d'antilopes et de suidés.
La présence d'espèces aquatiques, terrestres et amphibies, typiques de la brousse et de la savane, fait penser que les os se sont déposés sur les rivages d'un grand lac, prédécesseur du lac Tchad, entouré d'un milieu analogue.