On ne considère ici que la résolution de l'équation ax + by = c où a, b, c sont des entiers naturels, a et b premiers entre eux, les solutions étant cherchées parmi les entiers naturels. Lucas attribue à Paoli et Cesàro les deux résultats suivants:
Théorème de Paoli — Si q est le quotient de la division de c par ab et r le reste, le nombre de solutions entières positives ou nulle de l'équationax + by = c est de q ou q+1 selon que l' équation ax + by = r admet aucune ou une solution.
Si l'on s'intéresse alors plus précisément aux entiers r compris entre 0 et ab - 1, pour lesquels l'équation ax + by = r admet une solution; on peut démontrer que
On en déduit le nombre d'entiers r compris entre 0 et ab - 1 pour lesquels l'équation ax + by = r admet une solution.
Théorème de Cesàro — Il existe exactement ab - ½ (a-1)(b-1) entiers naturels r compris entre 0 et ab - 1 pour lesquels l'équation ax + by = r admet une solution
Lorsque un entier r compris entre 1 et ab - 1 est donné, pour déterminer si l'équation ax+by = r admet une solution il faut observer le système minimal. Le point de la droite ax + by = r le plus proche de l'origine est de coordonnées rationnelles positives.
L'unique solution entière positive (si elle existe) de l'équation ax + by = r correspond à un des points de la droite à coordonnées entières les plus proches de ce point. Si (x1,y1) est une solution dans l'ensemble des entiers relatifs de l'équation ax + by = r, l'unique solution positive (si elle existe) de l'équation est donc à chercher dans les deux couples (x1 + bk1,y1 − ak1) ou (x1 + bk2,y1 − ak2) où k1 et k2 sont les deux entiers les plus proches de
La résolution de l'équation ax + by = 1, où a et b sont premiers entre eux, permet de trouver un inverse à a modulo b, c'est-à-dire un entier x tel que
L'ensemble des points M(x , y) vérifiant l'équation ax + by = c forme une droite. Les couples d'entiers relatifs vérifiant cette équation correspond aux points M de la droite dont les coordonnées sont entières. La résolution de l'équation dans l'ensemble des entiers relatifs permet de donner les coordonnées de ces points. Selon la valeur de c, la droite D peut ne jamais passer par des points de coordonnées entières ou bien posséder une infinité de points de coordonnées entière régulièrement répartis.
La solution du système minimal se lit alors très facilement. Le ou les couples solutions correspondent aux points dont les coordonnées vérifient x2 + y2 est minimal. Ce sont donc les points de la droite les plus proches de l'origine. Le point O se projette sur la droite en H. La solution du système minimal est donc le (ou les) points de la droite de coordonnées entières situé(s) le plus près de H.
Décomposer une fraction irréductible
Lucas prouve l'existence d'une telle décomposition. Il procède en plusieurs étapes.
Si B = pn, où p est un nombre premier, une simple écriture de A dans la base p permet d'aboutir. En effet
où les ri sont des entiers compris entre 0 et p - 1 et E est un entier relatif. D'où en divisant par B
La seconde étape consiste à travailler sur un nombre B = ab où a et b sont premiers entre eux et c'est là qu'intervient l'équation diophantienne. Les deux nombres sont premiers entre eux, il existe donc des entiers relatifs x et y tels que
donc
La décomposition de la fraction sera donc établie dès que seront obtenues les décompositions des fractions x/b et y/a.
Lucas procède alors de proche en proche. Si
La seconde fraction se décompose aisément et la première est à décomposer en utilisant le même processus. Il suffit de k-1 étapes pour arriver au bout de la décomposition complète.
Lucas démontre que malgré la multiplicité des méthodes pour arriver à la décomposition, celle-ci est unique.
Exemple : Décomposition de la fraction
On décompose 90 en 9 × 10. On cherche deux entiers x et y tels que 9x + 10y = 259. On peut prendre x=1 et y=25.
On décompose 10 en 2 ×5. On cherche deux entiers x et y tels que 2x + 5y = 1. On peut prendre x = 3 et y = - 1.
On écrit 25 en base 3
Donc
Il suffit de remplacer dans (1) les résultats trouvés dans (2) et (3)
Les techniques mises en place pour la résolution de l'équation ax + by = c peuvent être réinvesties pour la résolution des équations linéaires à plus d'inconnues. En particulier, elles permettent de résoudre l'équation diophantienne linéaire ax + by + cz = d.
Comme dans le cas de la dimension 2, on peut remarquer que l'équation n'admet pas de solution si d n'est pas un multiple du PGCD de (a, b, c). Si d est multiple du PGCD, on peut diviser chacun des coefficients par le PGCD, on se ramène alors à une équation du même type dans lequel les coefficients devant x, y, et z sont premiers entre eux dans leur ensemble.
Dans l'équation ax + by + cz = d, où a, b, c sont premiers entre eux, on pose
by + cz étant toujours un multiple de
Les entiers a et
Si on appelle (x1,y1,z1) l'une d'entre elle et (y0,z0) une solution de l'équation b1y + c1z = 1. On peut noter
Les solutions de l'équation (2) sont les couples :
où k est un entier relatif quelconque
L'équation (1) s'écrit alors :
dont les solutions sont les couples :
où h est un entier relatif quelconque.
Les solutions de l'équation de départ sont donc données par l'égalité matricielle suivante
où h et k sont des entiers relatifs quelconques.