Les méthodes d’évaluation de la formation professionnelle du ministère de l’Éducation rencontrent les mêmes problèmes et les mêmes difficultés que ceux soulevés par Wiggins, Messick et autres. Lors de la rédaction d’épreuves, il faut toujours faire attention à la validité de contenu. Il ne faut pas que des défauts de matériel ou d’appareil ne viennent nuire aux chances de réussite des étudiants. Le ministère essaie d’assurer la fidélité inter-juge en imposant des épreuves ministérielles. Le système de rétroaction permet un réajustement des épreuves en cas de besoin. Somme toute, l’évaluation basée sur la performance représente un excellent instrument pour déterminer si les étudiants possèdent les compétences de chaque module.
Le Guide général d’évaluation pour la formation professionnelle et technique nous indique que ce type de formation au secondaire est axé sur l’évaluation de la compétence acquise. À cet égard, deux aspects importants sont retenus : la maîtrise du métier et la formation fondamentale.
Pour certifier l’atteinte des objectifs, on peut utiliser une ou plusieurs de ces méthodes:
On privilégie l’évaluation d’un produit plutôt que l’évaluation d’un processus de travail dans tous les cas où l’on peut confirmer par inférence l’acquisition de la compétence considérée.
L’administration d’une épreuve en vue de l’évaluation d’un produit est généralement moins complexe que celle d’une épreuve en vue de l’évaluation d’un processus de travail. De plus, l’évaluation d’un produit permet à l’examinateur d’observer plus de candidats à la fois.
La formation professionnelle du ministère de l’Éducation se fait par programme. Chaque programme contient un certain nombre de modules correspondant chacun à une compétence spécifique. Le processus d’acquisition des connaissances suit un logigramme spécifique à chaque programme. Chaque module fait l’objet d’une évaluation. Celle-ci peut être locale ou faire l’objet d’une épreuve ministérielle. La loi de l’Instruction publique prévoit que le ministre de l’Éducation peut imposer des épreuves pour tous les programmes de la formation professionnelle. Généralement, un module sur cinq sera soumis à une épreuve ministérielle.
Le but de l’évaluation en formation professionnelle est de certifier que l’étudiant a atteint les compétences contenues dans le module. Un étudiant qui complète un programme spécifique devrait posséder les compétences pour atteindre les qualifications minimales d’entrée dans le métier ou la profession. Il est certain qu’un finissant n’aurait pas l’habileté qui vient avec plusieurs années de pratique d’un métier.
Comme il s’agit de métiers professionnels, les épreuves d’évaluation doivent se rapprocher le plus possible de la réalité du travail. Ainsi les étudiants en mécanique procéderont à des changements de silencieux sur une voiture ou à la mise au point d’un moteur. Chaque évaluation portera soit sur le processus soit sur le produit final, et parfois les deux en même temps. Si on évalue le travail d’un étudiant dans un cours d’auxiliaire aux malades, on lui fera déplacer un malade d’une civière à un lit d’hôpital. Dans ce cas, le processus est plus important que le résultat final. Dans d’autres cas, c’est le résultat final, une lettre bien rédigée ou un moteur bien ajusté qui démontreront l’atteinte de la compétence.
L’utilisation d’épreuves pratiques posent certains problèmes logistiques. Le problème de coûts et de la faisabilité des examens se présentent souvent. Dans le cas des examens sur l’épandage des pesticides, il faudrait mélanger des pesticides et les étendre dans un champ avec un tracteur. L’utilisation d’un tracteur n’est pas toujours faisable et le fait de gaspiller des pesticides n’est pas très écologique. Alors, une épreuve papier-crayon demande de déterminer les actions à entreprendre à partir d’une mise en situation.
Dans le cadre du module de Confection de veston de femme sur mesure, les candidates apprennent à confectionner un veston pour dame. On leur apprend à prendre des mesures puis à modifier un patron existant conformément aux spécifications d’une cliente avant de confectionner ledit veston. Dans le cadre d’un cours de 90 heures, elles réussissent à réaliser un ou deux vestons avant de se présenter à l’évaluation finale. Elles disposent 12 heures pour réaliser un veston complet. Lors de l’évaluation, les examinateurs avaient à leur disposition une fiche d’évaluation où ils notent la performance à toutes les étapes nécessaires de la confection. Chaque critère est évalué de façon dichotomique. L’étudiante atteint ou non chacun des critères. À la fin de l’épreuve, l’étudiante se doit d’atteindre 80 points sur un total de 100. Il s’agit ici d’une évaluation critériée avec un seuil de passage de 80 points.
Malgré la meilleure préparation possible en ce qui concerne la validité et la fidélité de l’épreuve. On s’est aperçu qu’il faut jusqu’à 24 heures pour réaliser l’épreuve. Ainsi, plusieurs étudiantes échouent. Ces échecs ne sont pas nécessairement dus à un manque de compétence des étudiantes mais au manque de temps pour réaliser toutes les étapes de la réalisation d’un veston. Après consultation, il a été entendu d’allonger la durée de l’épreuve.
Pour assurer une certaine fidélité dans l’administration des épreuves ministérielles, la Direction générale de la formation professionnelle et technique prépare des épreuves. Celles-ci sont rédigées par des enseignants en formation professionnelle sous la direction d’un conseiller en évaluation. Après leur rédaction, les épreuves sont soumises à la validation d’un groupes d’enseignants qui en vérifie la validité. Par la suite, il y a des séances d’implantation dans les commissions scolaires. Il y a donc une interaction entre les examinateurs qui feront passer les épreuves et les concepteurs de celles-ci. Après avoir fait passer les examens à leurs étudiants, les professeurs peuvent faire une rétroaction sur les épreuves. Ceci permet de modifier, clarifier ou changer les critères et consignes entourant l’exécution des épreuves.