L’Institut d’éducation de Wartensee ouvre ses portes en août 1831 ; ce sera un externat car la formule de l’internat n’apparaissait pas viable. En 1833 l’établissement sera transféré à Willisau.
Protestant, Fröbel se trouve en butte à l’hostilité ouverte des milieux catholiques mais aussi des disciples de Pestalozzi (Niederer et Fellenberg). Pour exposer au public ses théories pédagogiques, il publie en 1833 ses « Principes de l’éducation de l’homme », rédigés en fait en 1830. Apprenant que le canton de Berne envisage de créer un orphelinat pour les pauvres, Fröbel soumet quatre projets distincts qui, tout comme les programmes d’études de Wartensee et Willisau, montrent que Fröbel reste influencé par l’idée qui devait présider à la création de l’institution d’éducation populaire de Helba.
Même s’il s’agit toujours de cultiver toutes les énergies de l’être humain, le principe dominant est désormais celui de l’« action créatrice ». Le matin est consacré à l’enseignement et l’après-midi aux activités pratiques (travaux agricoles et artisanat). Malheureusement, ce projet d’établissement d’enseignement pour les pauvres restera lettre morte.
Grâce à ses protecteurs au sein du Conseil cantonal de Berne, Fröbel se voit confier la formation de quatre futurs enseignants (apprentis instituteurs) et la direction d’un cours de formation avancée pour instituteurs en avril 1834.
Ce contrat sera renouvelé en 1835. On manque de documents précis sur cette double expérience mais ce qu’on en sait montre que pour Fröbel la formation des maîtres doit comporter trois volets : enseignement général, initiation aux méthodes didactiques et pédagogie.
En 1834, Fröbel apprit que le Gouvernement cantonal de Berne envisageait de lui confier la direction de l’orphelinat de Burgdorf et de l’école primaire qui y était rattachée. Il voit là l’occasion de mettre en application la partie centrale de son projet pour Helba, l’« institution d’éducation populaire ». Dans une lettre au conseiller bernois Stähli, datée de mars 1834, Fröbel envisage la création d’une telle institution en liaison avec l’orphelinat de Burgdorf et l’établissement d’éducation pour les pauvres, ainsi qu’avec une école normale d’instituteurs et une université populaire : autrement dit, il s’agit à nouveau d’un système complet d’établissements d’éducation qui aurait pour centre l’« institution d’éducation populaire » privilégiant « l’action créatrice » et associant l’enseignement et la vie, la théorie et la pratique. Malheureusement ce nouveau projet n’aboutira pas non plus. Mais Fröbel devient effectivement directeur de l’orphelinat de Burgdorf et de son école élémentaire au milieu de 1835. En fait, cette école n’ouvrira ses portes qu’en mai 1836, alors que Fröbel repart pour l’Allemagne avec sa femme malade.
Les plans d’études de l’école élémentaire de Burgdorf ont été rédigés entre 1837 et 1838, c’est-à-dire qu’ils sont de la main de Langethal, successeur de Fröbel à la direction de l’école (et de l’orphelinat). Trois classes sont prévues, qui doivent accueillir respectivement les enfants âgés de 4 à 6 ans, de 6 à 8 ans et de 8 à 10 ans. Si les enseignements des classes 2 et 3 sont largement conformes aux thèses énoncées dans « De l’éducation de l’homme », le programme de la classe 1 fait du jeu la base de toute l’activité pédagogique. Ainsi s’effectue la transition avec la phase suivante de la vie de Fröbel, qui se concentrera en priorité sur l’éducation des jeunes enfants par le jeu.