Jusqu’à la fin du XIXème siècle, la collecte de l’hévéa n’est vraiment effectuée à grande échelle que dans les forêts primaires de l’Amazonie. En 1911, le Brésil exporte 700,000 tonnes mais dès les années suivantes il est devancé par la production des pays d’orient, Indonésie, Malaisie et Thaïlande, qui vont représenter les trois quart de la production mondiale quelques décennies plus tard.
La notion de sélections des espèces, pour des plantations gérées de près par l’homme, n’apparait que dans les années 1910. À la veille de la Première Guerre mondiale, il existe 400.000 hectares de plantation, principalement en Indonésie et en Malaisie (Java et Sumatra), ainsi qu’à Ceylan et dans la Péninsule indochinoise.
Au congrès de Batavia (Djakarta] de 1914, dans une Indonésie qui restera hollandaise jusqu'en 1945, les chercheurs se rendent compte que les rendements de l’hévéa ne dépassent pas 700 kilos à l’hectare et que 25% du total de la production est procuré par seulement un arbre sur dix. En février 1918 W.M. Van Helten réussit les deux premières greffes d’hévéa, après avoir étudié les possibilités de reproduction végétative, l’une à Java, l’autre à Sumatra. Les planteurs restèrent d’abord méfiants, puis une fois la production améliorée, furent saisis d’un engouement pour ces greffes. Le succès des « hévéas clones », greffés mais conservant les qualités des « arbres pères » se manifesta à partir de 1927-1928. En 1942, sur un total plante de 3,6 millions d’hectares, près de 10% soit 475.000 hectares était de l’hévéa greffé et cloné. Leur valeur à une échelle industrielle n’a été identifiée que vers 1935.
La Seconde Guerre Mondiale révéla l'importance économique et politique du caoutchouc naturel lorsque le Japon coupa les approvisionnements en provenance de l'Extrême-Orient. L'Allemagne et les États-Unis améliorent le caoutchouc synthétique car, l'Allemagne est soumise au blocus, et les États-Unis sont privés du caoutchouc naturel de l'extrême-Orient. La pénurie criante accéléra le développement du synthétique. Lorsque la guerre éclata, les États-Unis se lancèrent dans un programme dont l'envergure rivalisait avec celui de la bombe atomique (le "Manhattan Project"). Près d'un milliard de dollars fut investi dans les recherches et le développement du caoutchouc synthétique nécessaire au maintien de l'effort de guerre des Alliés.
Le développement des industries de l'espace et de l'informatique créèrent une demande continue de produits nouveaux et exotiques, à base de caoutchouc synthétique . La pétrochimie, dopée par ces débouchés nouveaux, va progressivement mettre au point des élastomères spéciaux et très spéciaux, capables de répondre aux exigences toujours plus contraignantes: les caoutchoucs, doivent résister aux huiles, aux carburants, à l’ozone, à la lumière et à de très fortes amplitudes de température. L’année 1958 voit l’entrée de la France dans la production synthétique. En 1980, le guayule naturel mexicain fait la preuve qu’il peut être mécanisable avec un rendement supérieur à l'hévéa, tandis qu’en 2003, Amerityre Corporation développe les pneus increvables (no-flat, air-no-air), basés sur le polyuréthane.
Au cours des 50 dernières années, le prix du caoutchouc naturel a été divisé par sept. Le trio Malaisie-Indonésie-Thaïlande contre dès 1987 les trois quarts de l'offre mondiale de gomme naturel puis 95% vingt ans plus tard, l'hévéa représentent dans ces trois pays une source de revenus encore importante pour des millions de planteurs d'où un enjeu politique et social.