En 1876, la production amazonienne était faible. La demande occidentale excédant l’offre, et les tentatives d’introduction de l’hévéa ailleurs qu’au Brésil ayant échoué, l’explorateur anglais Henry Alexander Wickham réussit l'un des plus grands rapts botaniques de tous les temps, en rapportant 70 000 graines d'hévéa brésilien au jardin botanique londonien de Kew Garden.
Il a récolté les graines d'hévéa à l'aide d'Indiens recrutés dans la jungle, puis les a emballées dans des feuilles de bananier séchées, elles-mêmes stockées dans des paniers en rotin, avant de berner les douanes brésiliennes de Belém qui ont inspecté le SS Amazonas, le cargo qui a accepté d'embarquer sa précieuse collection jusqu'à Liverpool. Un train de nuit spécialement affrété par Joseph Dalton Hooker, le directeur des Jardins botaniques royaux de Kew, le Kew Garden, a pris livraison de la cargaison, arrivée à Londres à 3 heures du matin. Les graines ont été immédiatement replantées dans les serres tropicales vidées de leurs collections en toute hâte par les ouvriers du jardin. Au mois d'août suivant, les premiers hévéas ont pris la route de Ceylan.
Le directeur des Jardins botaniques royaux de Kew lui avait promis de lui payer 10 livres s’il réussissait à transporter des graines d’hévéa viables jusqu’en Angleterre. Seulement 4 % de ces graines germeront dans les Jardins botaniques royaux de Kew. Une partie des germes et des plants est alors envoyé à titre expérimental pour tester leur culture à Ceylan et en Malaisie.
Onze jeunes plants arrivèrent au Jardin Botanique de Singapour en 1877, où le directeur Henry Nicholas Ridley mit au point une méthode de croissance rapide afin d'assurer la reproduction des arbres à grande échelle. Il récupéra en quantité les premières graines de cette série d'arbres seulement douze ans plus tard en 1889 et commença à proposer aux planteurs de Malaisie de cultiver l'hévéa à grande échelle. Ces onze plants sont à l’origine de 90% des hévéas plantés actuellement dans le Monde, même s'ils furent ensuite croisés par le biais de greffes.
La découverte de la vulcanisation et de la chambre à air dans les années 1850 donna lieu à une Fièvre du caoutchouc dans les pays ayant des territoires amazoniens, comme le Brésil, la Bolivie, la Pérou, la Colombie et l’Équateur. La Fièvre du caoutchouc connut son apogée entre 1879 et 1912, suivie d’une résurrection dans les années 1942 - 1945 et donna leur impulsion à des villes amazoniennes telles Iquitos au Pérou, Belém do Pará et Manaus au Brésil, la principale ville amazonienne et la capitale de l’État d’Amazonas.
L’idée de construire un chemin de fer sur les rives des ríos Madeira et Mamoré émergea en Bolivie en 1846. L’objectif était d’exporter le caoutchouc par l’océan Atlantique, la cordillère des Andes bloquant l’accès au Pacifique. En 1867, les ingénieurs José et Francisco Keller organisèrent une grande expédition dans la région des rapides du río Madeira, pour trouver le tracé d’une éventuelle voie ferrée, et deux ans plus tard l’ingénieur américain George Earl Church obtint du gouvernement bolivien la concession pour créer une entreprise afin d’explorer des alternatives pour assurer la navigation fluviale entre les rios Mamoré et Madeira. Voyant les difficultés de cette entreprise, il se focalisa sur la possibilité de construire un chemin de fer. Les négociations continuèrent. En 1870, il reçut du gouvernement brésilien le permis de construire une ligne ferroviaire pour contourner les rapides du río Madeira. La construction ne commencera que 37 ans plus tard.
la Fièvre du caoutchouc gagna la Bolivie et le Pérou : Iquitos, fondée en 1757, par les Jésuites et érigée en capitale du département de Loreto par le maréchal péruvien Ramón Castilla y Marquezado en 1864, fut le centre caoutchoutier de la forêt péruvienne et le premier port fluvial sur le rio Amazonas péruvien. De là, on commerçait avec Manaus, qui commença son expansion vers 1880.