Histoire de la culture de l'hévéa - Définition

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- Introduction - Les indiens d’Amazonie l’utilisent pour des chaussures ou des balles - Les scientifiques du XVIIIe siècle l’utilisent comme gomme ou pour protéger des montgolfières - Premières observations françaises en Guyane et au Pérou - À partir de 1835, l’hévéa utilisé pour des bottes, des pneus et des préservatifs - Les premières applications industrielles et premières transformations à partir de 1790 - L’hévéa sort pour la première fois de l’Amazonie : le « rapt botanique du siècle » - La Fièvre du caoutchouc génère un projet de grande liaison ferroviaire en pleine Amazonie - Les plantations anglaises de Malaisie importent des coolies à partir de 1890 - Vers le pneumatique automobile, formidable débouché pour les plantations d’hévéa - L’hévéa introduit au Ghana en 1893, puis en Guinée en 1897 et 1898 - Les plantations françaises et belges du nord-est de Sumatra, après Xavier Brau de Saint-Pol Lias - Alexandre Yersin, de l'Institut Pasteur, et le commissaire Belland, pionniers de l'hévéa en Indochine en 1899 - En 1998 au Congo belge, la course du roi Léopold II contre les plantations anglaises de Malaisie et du Ghana - Le succès fulgurant de l'hévéa en 1903 sur l'île de Phuket, en Thaïlande, et les réformes agraires - De 1899 à 1903, la Guerre de l'âcre entre pays riverains de l’Amazonie - L’apogée de la ville de Manaus et la chute du prix mondial en 1914 - À Sumatra et Java, reconversion des sites caféiers, des cueilleurs en forêt et des riziculteurs sur brûlis - L'entente entre planteurs anglais fait flamber les cours après un krach, Ford et Firestone achètent des terres - Le succès progressif des greffes et clonages, résultat de la conférence de Batavia de 1914 - Nouvelle progression du caoutchouc synthétique lors de la deuxième guerre mondiale - Le caoutchouc synthétique des Allemands et des Anglais, antidote aux fragilités médicales et économiques de l'hévéa

Alexandre Yersin, de l'Institut Pasteur, et le commissaire Belland, pionniers de l'hévéa en Indochine en 1899

L'histoire de l'hévéa au Viêt Nam, composante d'une Indochine française né en 1858 de la conquête de la Cochinchine, commence en 1899 avec les premières plantations d'Alexandre Yersin (1863-1943), un chercheur de l'Institut Pasteur, qui revient de Bombay en 1897 et met fin sa carrière de grand explorateur. L’hévéa est planté en 1899 sur le site de Suoi Giao, où il avait commencé à œuvrer en 1895. Il se lance dans l'élevage de chevaux et de bovins pour le test de sérum, et tente diverses cultures dont l'hévéa qu'il acclimate en 1899. Les frères Michelin achètent en 1903 ses premières récoltes. En 1915, il ouvre une nouvelle station agricole au Hon Ba, et réalise les premiers essais d'acclimatation de l'arbre à quinine (Chinchona ledgeriana). Yersin suit de très près les problèmes agronomiques de ses hévéas et les problèmes techniques de son caoutchouc pour en tirer le maximum d'argent afin de financer ses recherches médicales. Il subira ainsi les dégâts des typhons. Les plantations industrielles se développent jusqu'à la Seconde Guerre mondiale.

Des plantations sont ensuite défrichées dans les « terres rouges », plus riches mais aussi plus lointaines, moins peuplées, exigeant plus de travail, plus de capitaux et le recrutement de la main-d'œuvre. L'annonce des 100 000 francs de bénéfices que réalisa en 1906 Belland, le commissaire central de la Sûreté de Saïgon, lequel avait fait planter des hévéas dès 1898, fit naître des vocations. D'importantes sociétés voient alors le jour, telle la Société des plantations des terres rouges ou la Société des plantations d'hévéas. Michelin investit à grande échelle en 1925, lorsque les planteurs profitent de cours mondiaux en hausse. On assiste alors à l'arrivée massive de capitaux métropolitains en Indochine. À partir de 1930, le cours du caoutchouc descend en dessous de celui de 1922. Les autorités accordent des primes, des prêts, veillent à ce que la réglementation internationale mise en œuvre à partir de 1934 ne lèse pas les intérêts des sociétés françaises. La Banque d'Indochine, qui deviendra en 1974 la Banque Indosuez, rachetée en 1996 par le Crédit agricole, accorde des avances et se rend parfois maîtresse des plantations, via sa filiale SIPH. Les plantations françaises ont inspiré le film Indochine (1992), de Régis Wargnier, avec Catherine Deneuve et Vincent Pérez.

L'avion "superconstellation", qui assurait une fois par semaine la liaison Paris-Saïgon transportait régulièrement les administrateurs des compagnies françaises en "terre conquise". En 1932, (1879-1950), du Petit Parisien accompagna Paul Reynaud, ministre des Colonies, en Indochine et publia Quelques notes sur l'Indochine dans la revue Esprit, puis, chez la maison d'édition Gallimard, en 1935, son livre Indochine SOS, dénonçant la part d'ombre de l'Indochine française.

Finalement, la culture prend un nouvel essor, au prix d'une concentration accrue. Les planteurs ne misent plus tant sur des cours exceptionnels que sur une production massive. En 1939, l'Indochine exporte huit fois plus de caoutchouc qu'une quinzaine d'années auparavant, soit le quart des exportations totales de la péninsule, contre moins de 5% en 1924.

En 1998 au Congo belge, la course du roi Léopold II contre les plantations anglaises de Malaisie et du Ghana

En 1997-1998, Alexandre Godefroy-Lebeuf envoie aussi des graines au jardin botanique de Boma, dans l'État indépendant du Congo, un territoire sur lequel le roi Léopold II de Belgique exerça une souveraineté de fait de 1885 à 1908. Le roi avait commencé à nourrir des ambitions colonisatrices au Congo dès 1877, après avoir cherché d’autres territoires, dont la Chine, le Japon, Bornéo, Fidji, et s'intéressait au début à l'ivoire.

L’ouverture en 1898, de la ligne de chemin de fer Matadi-Léopoldville, lancée dès 1890, permit de convoyer à peu de frais, sur 366 kilomètres et jusqu'à la mer, l'ivoire, produit pour lequel la Société anversoise avait reçu une concession en 1892. Effectué jusque là par portage à dos d’homme, le transport était extrêmement coûteux. La voie ferrée fut achevée très rapidement, afin de favoriser le développement des plantation d'hévéa, épisode raconté dans le roman Au cœur des ténèbres, longue nouvelle de Joseph Conrad, parue en 1900 en feuilleton dans une revue, dirigée à Édimbourg par William Blackwood. La construction trop rapide de la ligne coûta la vie à 1932 personnes (1800 noirs et 132 blancs, en raison des difficultés pour sortir des gorges du Congo, par le canyon de la rivière M’pozo, puis par un passage à travers les les monts de Cristal.

La compétition avec les autres pays semant des graines amena les colons belges à abuser du travail forcé, pour planter avant eux un maximum d'arbres, afin d'occuper le marché mondial et décourager la concurrence. À partir de 1900, une vague d’indignation et de protestation déferla au Royaume-Uni principalement, puis aux États-Unis et dans quelques pays européens. Le sommet de l'exploitation de l'hévéa intervint au Congo en 1903, lorsque le prix du caoutchouc arriva au plus haut.

La concurrence de l’Asie du sud-est, en particulier de la Malaisie, où les plantations d'hévéas se multiplièrent, généralement contrôlées par des firmes britanniques rivales, fit ensuite chuter les prix du caoutchouc. Pendant ce temps, le coût du recrutement de la main d’œuvre grignotait les marges bénéficiaires des 4 sociétés concessionnaires dans l'État indépendant du Congo, l’ABIR, la Société anversoise, la Compagnie du Kasaï et le Comité spécial du Katanga, la gestion privée de Léopold II devenant vulnérable aux attaques des autres nations, en particulier du Royaume-Uni.

Edmund Dene Morel, ex-employé d’une grande compagnie de transport de Liverpool, devenu journaliste d’investigation à temps plein, publia ses articles avec l'aide de commerçants de Liverpool, souhaitant la fin du monopole de Léopold II sur le pays, dont John Cadbury (1801–1889), un quaker fondateur de la société qui porte son nom. Au même moment, les descendants de Joseph Storrs Fry (1728 – 1787), le premier industriel anglais du chocolat, refusent d'importer du chocolat de la colonie portugaise de São Tomé, proche des côtes africaines, jugeant les conditions de production inacceptables.

Mark Twain et Arthur Conan Doyle lui emboîtèrent le pas, dans Le soliloque du Roi Léopold et Le Crime du Congo. La Chambre des communes vota une résolution demandant une enquête et en 1904, Sir Roger Casement, consul britannique, publia un rapport détaillé. Le parlement britannique demanda la convocation d’une nouvelle réunion des 14 signataires du traité de Berlin de 1885. Le parlement belge, dirigé par le socialiste Émile Vandervelde força Léopold II à créer une commission indépendante, qui confirma les abus en 1905.

Finalement, le 15 novembre 1908, quatre ans après le rapport Casement et six ans après la sortie de Heart of Darkness, le Parlement de Belgique vota l’annexion de l’État indépendant du Congo, et prit en charge son administration. Sir Roger Casement se lancera dans les années 1910 dans d'autres opérations anti-colonialistes, cette fois contre son propre pays, en épousant la cause irlandaise.

- Introduction - Les indiens d’Amazonie l’utilisent pour des chaussures ou des balles - Les scientifiques du XVIIIe siècle l’utilisent comme gomme ou pour protéger des montgolfières - Premières observations françaises en Guyane et au Pérou - À partir de 1835, l’hévéa utilisé pour des bottes, des pneus et des préservatifs - Les premières applications industrielles et premières transformations à partir de 1790 - L’hévéa sort pour la première fois de l’Amazonie : le « rapt botanique du siècle » - La Fièvre du caoutchouc génère un projet de grande liaison ferroviaire en pleine Amazonie - Les plantations anglaises de Malaisie importent des coolies à partir de 1890 - Vers le pneumatique automobile, formidable débouché pour les plantations d’hévéa - L’hévéa introduit au Ghana en 1893, puis en Guinée en 1897 et 1898 - Les plantations françaises et belges du nord-est de Sumatra, après Xavier Brau de Saint-Pol Lias - Alexandre Yersin, de l'Institut Pasteur, et le commissaire Belland, pionniers de l'hévéa en Indochine en 1899 - En 1998 au Congo belge, la course du roi Léopold II contre les plantations anglaises de Malaisie et du Ghana - Le succès fulgurant de l'hévéa en 1903 sur l'île de Phuket, en Thaïlande, et les réformes agraires - De 1899 à 1903, la Guerre de l'âcre entre pays riverains de l’Amazonie - L’apogée de la ville de Manaus et la chute du prix mondial en 1914 - À Sumatra et Java, reconversion des sites caféiers, des cueilleurs en forêt et des riziculteurs sur brûlis - L'entente entre planteurs anglais fait flamber les cours après un krach, Ford et Firestone achètent des terres - Le succès progressif des greffes et clonages, résultat de la conférence de Batavia de 1914 - Nouvelle progression du caoutchouc synthétique lors de la deuxième guerre mondiale - Le caoutchouc synthétique des Allemands et des Anglais, antidote aux fragilités médicales et économiques de l'hévéa
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