Les grands industriels seront progressivement échaudés par les hauts et les bas des cours sur le marché mondial, où l’offre se concentre assez vite entre quelques pays d’Asie, en raison d'un maladie qui se fixe sur les feuilles, le champignon pathogène de l'hévéa, au point de décimer la production brésilienne, sur des arbres ayant subi un vieillissement. Les pays amazoniens seront progressivement rayés de la carte par la montée des producteurs asiatiques, où la prédominance des petites plantations leur donne un rôle social.
D’abord fabriqué à base de charbon, le caoutchouc sera ensuite favorisé par le développement de la pétrochimie et le souhait de s'affranchir des fragilités et instabilités du marché du caoutchouc naturel. Le premier brevet pour la fabrication de caoutchouc artificiel est déposé en 1909 par Fritz Hoffmann en Allemagne, qui dès 1915 produit environ 2 500 tonnes d'un autre caoutchouc synthétique à partir de diméthyl butadiène.
En 1929, l'Allemagne réussit à produire un polymère de butadiène et du styrène (en présence de sodium comme catalyseur. Dans la foulée, en 1931, l'américain Du Pont de Nemours mit au point le néoprène. En 1935, des chimistes allemands préparèrent par copolymérisation un premier groupe de caoutchoucs synthétiques, les caoutchoucs Buna. La copolymérisation est la polymérisation de plusieurs monomères différents, appelés comonomères. Le nom Buna correspond aux premières lettres de butadiène, l'un des comonomères, et de natrium, sodium en allemand, utilisé comme catalyseur.
Jusqu’en 1938, la production de Buna se fit à une échelle semi6industrielle, avec près de 2,500 tonnes par an dans les usines de Ludwigshafen et Leverkusen. Deux autres usines était en construction, pour produire, chacune, dix fois plus. Les soviétiques, de leur côté détenaient déjà trois usines de production, Voronetz, Jefremovo, et Jaroslaw. Les États-Unis s’étaient eux concentrés sur les caoutchoucs spéciaux, à base de néoprène. En 1938, le caoutchouc synthétique représentait 100,000 tonnes par an, contre 1,4 million de tonnes pour le caoutchouc naturel, soit 14 fois moins. Au début des années 1960, les deux origines sont égales, avec 2 millions de tonnes chacune et à la fin du XXe siècle, le caoutchouc synthétique représente les deux tiers de l’offre mondiale.