L'hôtel Matignon est un célèbre hôtel particulier, situé 57 rue de Varenne, dans le 7e arrondissement de Paris. Depuis 1935, l'hôtel Matignon est la résidence officielle du chef du gouvernement français (Président du Conseil puis Premier ministre).
Ce site est desservi par les stations de métro Rue du Bac et Varenne.
L'hôtel particulier a été bâti sur l'ordre de Christian-Louis de Montmorency-Luxembourg, prince de Tingry, qui en passa commande à l'architecte Jean Courtonne, en 1722 sur un terrain qu'il avait acheté en 1719. Les travaux s'étant révélés plus coûteux que prévu, le prince de Tingry dut vendre l'hôtel en voie d'achèvement à Jacques III de Goyon, sire de Matignon et de la Roche Goyon (l'actuel Fort La Latte), comte de Torigny, dès le 23 juillet 1723.
Au moment de l'acquisition, le nouveau propriétaire retira à Courtonne, soupçonné d'indélicatesse, le marché de travaux mais lui conserva la fonction d'architecte jusque dans les premiers mois de 1724. Lorsque Courtonne fut en définitive supplanté comme architecte par Antoine Mazin, le gros œuvre et la décoration extérieure étaient achevés et la décoration intérieure était en cours. Mazin se borna à réaliser le portail, dont Courtonne se plaignit d'ailleurs au motif que son couronnement était trop semblable à celui de l'hôtel.
Jacques III de Goyon-Matignon mourut le 14 janvier 1725. Son fils Jacques IV de Goyon-Matignon (1689-1751) en hérita et par l'intermédiaire de sa femme Louise-Hippolyte Grimaldi, devint prince de Monaco sous le nom de Jacques Ier Grimaldi. L'édifice passa donc à ses descendants, les princes de Monaco (l'actuel prince de Monaco, Albert II, porte d'ailleurs parmi ses nombreux titres celui de sire de Matignon). Maria Caterina Brignole Sale, princesse de Monaco et princesse de Condé y réside de 1757 à 1770, tandis que son époux Honoré III de Monaco préfère ses domaines normands. La princesse est ainsi la première Brignole-Sale à marquer l'histoire de l'hôtel.
Le 10 février 1744 Claude-Constant Juvénal d'Harville des Ursins épouse Antoinette de Goyon-Matignon dans la chapelle de l'Hôtel Matignon.
L'hôtel appartint ensuite à la danseuse Anne Éléonore Franchi et à son amant le riche banquier Quentin Crawford.
En 1808, ceux-ci l'échangèrent à Talleyrand, qui dut le revendre en 1811 à Napoléon Ier.
En 1816, au début de la Restauration, Louis XVIII l'échangea contre le palais de l'Élysée à Bathilde d'Orléans, duchesse de Bourbon. À sa mort en 1822, elle le laissa à sa nièce Adélaïde d'Orléans (1777-1847), sœur du futur Louis-Philippe. Celle-ci le fit occuper par une communauté de religieuses, avant de le louer jusqu'en 1848 à Herman Thorn, un riche colonel américain.
Sous le Second Empire, l'hôtel fut acquis par Raffaele de Ferrari, duc de Galliera. Il prend alors le nom, dans l'usage, d'Hôtel Galliera. Après la mort du duc et prince de Lucedio, en 1876, sa veuve Maria de Brignole-Sale, duchesse de Galliera et arrière petite-nièce de la princesse de Monaco, issue d'une des premières familles de Gênes qui a donné de nombreux doges y réside jusqu'en 1886.
Elle y vit seule entourée de quelques deux cents domestiques. La duchesse accueille gracieusement le comte de Paris au rez-de-chaussée de l'hôtel tandis que son fils réside dans une aile et qu'elle même se réserve le premier étage et les jardins. Durant ces années de veuvage, Maria Brignole-Sale va faire preuve d'une incomparable générosité qui lui fera mériter le titre de grande philanthrope, elle finança écoles, hôpitaux, musées, maisons de retraites et oeuvres pieuses et de charité tant en France que dans sa ville natale.
Le comte de Paris y demeurait avec sa famille quand, y ayant organisé le 6 mars 1886 une somptueuse fête en l'honneur des fiançailles de sa fille aînée, la princesse Amélie d'Orléans, avec le prince héritier dom Charles de Portugal.
La réception est strictement privée et ni le corps diplomatique ni des représentants du pouvoir n'ont été invités. Cependant, l'événement donne lieu à un énorme battage médiatique de la presse royaliste qui scandalise les républicains au pouvoir. Peu de temps après, des députés présentent un nouveau projet de loi d'exil devant la Chambre et celui-ci reçoit, cette fois, le soutien du gouvernement. Le 23 juin 1886, après bien des débats, paraît une nouvelle loi d'exil qui touche les prétendants au trône et leur fils aîné en les obligeant à quitter le territoire national ainsi que tous les autres princes français en les rayant des listes de l'armée.
Averti des résultats du vote alors qu'il se trouve au château d'Eu, le comte de Paris prend la décision de quitter immédiatement la France. Après le vote de la loi d'exil contre la maison d'Orléans, la duchesse de Galliera offre son hôtel gracieusement à l'empereur d'Autriche-Hongrie, François-Joseph, pour en faire son ambassade après le décès de la duchesse, qui humiliée par l'ingratitude du gouvernement décide de quitter cette France qu'elle aimait tant pour finalement léguer ces merveilleuses collections non pas à la ville de Paris mais à celle de Gênes.
Pendant la Première Guerre mondiale, l'hôtel fut mis sous séquestre comme bien ennemi. En 1922, la France finit par l'acheter ; l'hôtel a été le siège de les tribunaux arbitraux mixtes institués par le Traité de Versailles. Par ailleurs l'hôtel, ainsi que ses dépendances, le parc et le pavillon de musique situé au fond du jardin, sont classés au titre des monuments historiques par un arrêté du 3 janvier 1923.
Après avoir songé à en faire un musée, puis des maisons d'habitation, Gaston Doumergue en fit la résidence du président du Conseil en 1935.
À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, le général de Gaulle s'installa à Matignon où il présida, le 9 septembre 1944, le premier conseil des ministres parisien du Gouvernement provisoire de la République française.