Martin, Pierre, Joseph Rollet (1824-1894), est un médecin français, chirurgien-major de l’Antiquaille de Lyon qui a marqué par ses découvertes, dans la première moitié du XIX° siècle, la vénérologie française.
Joseph Rollet est né, le 11 novembre 1824, à Lagnieu, chef lieu de canton du département de l’Ain où son père était maître de poste. Élève au petit séminaire de Meximieux, il y débuta des études classiques, qu’il poursuivit au Collège Royal de Lyon où il obtint, à dix neuf ans, le prix d’honneur de philosophie.
Il commença ses études médicales à l’Ecole de Médecine de Lyon (qui ne devait devenir faculté qu’en 1877), mais, au bout d’une année, il partit concourir à l’externat des hôpitaux de Paris ; reçu sixième, sur une promotion de cent quatre vingt concurrents, il put choisir le service d’Armand Trousseau. Il est nommé interne en 1845 et sera affecté dans les services de chirurgie de l’Hôpital Beaujon, à l’Hôpital de la Pitié chez Jacques Lisfranc, à l’Hôpital Saint-Antoine chez Auguste Bérard et enfin chez Stanislas Laugier à l’Hôtel-Dieu (Hôtel-Dieu de Paris).
Le 26 novembre 1848, il soutint sa thèse de doctorat devant la Faculté de Médecine de Paris, intitulée « Des hémorragies traumatiques à l’intérieur du crâne » ; la même année, il se présenta au concours de chirurgien major de Hôtel-Dieu de Lyon, mais il ne fut pas reçu.
Loin de se décourager, il se présenta et fut reçu au concours de chirurgien-major de l’Hôpital de l'Antiquaille de Lyon, le 11 mars 1850 ; il ne prit possession de son service qu’en 1855 ; entre temps, il installa un cabinet médical Rue Claudia pour y développer une clientèle et se consacra, pendant cinq ans, à l’étude des maladies vénériennes, en effet la dermato-vénérologie était, depuis longtemps, une des spécialité phare de ce grand hôpital lyonnais. Il occupa la fonction de chirurgien-major jusqu’en 1864, date à laquelle le règlement l’obligea à quitter son poste : ces neufs années lui suffirent néanmoins à révolutionner la vénérologie.
A la création de la faculté de Médecine de Lyon, en mai 1877, Rollet semblait le mieux placé pour occuper la chaire de clinique des maladies cutanées et vénériennes, mais ce fut Antoine Gailleton, (qui lui succéda comme chirurgien-major), qui fut nommé et Rollet hérita de la chaire d’hygiène : il s’attacha à remplir son rôle avec conscience. Secrétaire puis président du Conseil départemental d’hygiène, il présenta de nombreux rapports concernant les Industries et Etablissements insalubres et les épidémies de fièvre typhoïde qui touchèrent Lyon en 1874 et Cluny en 1887.
Rollet dut faire de la clientèle pour gagner sa vie : il fit de la médecine générale mais il s’était clairement spécialisé dans les maladies de la peau et les maladies vénériennes ; après son cabinet de la rue Claudia, il s’installa au 41, rue Saint-Pierre, (actuellement rue Paul-Chenavard) où il résida jusqu’en 1892 puis il transféra son cabinet au 10 de la rue des Archers.
C’est là qu’il est décédé subitement, le 2 août 1894, alors qu’il venait de terminer la rédaction du discours qu’il devait prononcer le lendemain comme président du congrès de Dermato-vénérologie qui s’ouvrait à Lyon ; ses obsèques eurent lieu le 4 août et l’inhumation se fit à Beynost, où Rollet possédait une résidence d’été.
Marié en 1855 à la fille d’un notaire de Roanne, Mlle Jullièron, il eut deux enfants dont Étienne (1862-1937) qui suivit les traces de son père et devint professeur de clinique ophtalmologique et membre de l’Académie de Médecine et une fille, qui épousa en secondes noces, Alexandre Lacassagne, l’un des pionniers de la Médecine légale.
Nommé correspondant de l’Académie de médecine seulement en 1885, il ne fut élu associé national que début 1894, deux mois avant sa mort ; l’année précédente, il avait été nommé Correspondant de l’Institut. Il fut décoré de la croix de Chevalier de la Légion d’Honneur en 1864, à l’occasion du voyage de l’Impératrice Eugénie 'Eugénie de Montijo) pour l’inauguration de l’Asile auquel l’administration hospitalière avait donné son nom. Il était également Membre de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, Président de la Société nationale de Médecine de Lyon et Président d’Honneur de la Société Française de Dermatologie et de Syphiligraphie.