Jacques Chevalier, dans l’article qu’il a consacré à L’Ecole de l’Antiquaille de Lyon, dans l’ouvrage de Daniel Wallach (ref Fondateur avec Gérard Tilles de la Société française d’histoire de la dermatologie en 1989), écrit « pour fonder une école qui sera reconnue et appelée Ecole de l’Antiquaille, il fallait un chef de file digne de ce nom : ce fut Prosper Baumès. Ce chirurgien major, nommé au premier concours de chirurgien-major en 1832, a su, en l’espace de six ans, transformer un hospice de vénériens en la première école dermatologique et vénérologique de province ; mais il fallait également un médecin découvreur de talent : ce fut Joseph Rollet quelques années plus tard. C’est la figure médicale la plus prestigieuse de l’Ecole de l’Antiquaille : son œuvre vénérologique est considérable».
Il est le premier à avoir affirmé la différence entre le chancre mou et le chancre syphilitique induré, (syphilis) en contradiction avec les théories de Philippe Ricord, qui voyait dans ces lésions la même maladie ; en 1856, il put démontrer expérimentalement le bien-fondé de ces observations. En 1859, il publie que l’incubation de la syphilis est de trois semaines environ, ce que niait Ricord.
Les observations rigoureuses de Rollet permettront d'affirmer la contagiosité de la syphilis ainsi que le début de la maladie par un chancre : il prouva la transmission de la syphilis par un chancre du mamelon de la nourrice infectée par un nourrisson malade et également chez les souffleurs de verre de Givors et de Rive de Gier qui présentaient des chancres de la bouche transmis par des accidents secondaires ; ces découvertes eurent des conséquences thérapeutiques et médico-légales d’une grande importance.
Avec Joseph Rollet, la médecine légale de la syphilis va, désormais, reposer, sur des bases scientifiques.
L’essentiel des publications de J. Rollet concerne la dermatologie ou les maladies vénériennes, en dehors de ses travaux comme médecin hygiéniste ou les quelques essais historiques comme « La blessure d’Alexandre le Grand » ou « Les applications du feu à l’hygiène dans les temps préhistoriques» : c’est ainsi, qu’il publie en 1865, un très important ouvrage de plus de neuf cents pages « Traité des maladies vénériennes ».