Mathilde Laigle - Définition

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Conclusion

Malgré quelques articles et de nombreuses références à ses travaux, cette intellectuelle du début du siècle n'a pas encore de biographe.

Œuvre

Une thèse personnelle sur Christine de Pisan

Mathilde Laigle mène une réflexion sur l'histoire des femmes qui tente de dépasser les visions féministes et anti-féministes. En 1888, quelques années avant le début de ses propres travaux, était paru le livre de William Minto (auteur d'une biographie de Daniel Defoe publiée en 1879 et d'un manuel de littérature anglaise, A Manual of English prose literature : biographical and critical designed mainly to show characteristics of style en 1872), Christine de Pisan, a medieval Champion of her Sex qui défendait l'idée que de Pisan était une des pionnières du féminisme. Mathilde Laigle a consacré un article pour le réfuter : « Le prétendu féminisme de Christine de Pisan ». Elle y développe deux idées, la première est que l'auteure de la Cité des dames s'oppose à l'antiféminisme de son époque : « Les revendications qu'elle propose par le respect de l'usage, la pratique, les devoirs, le culte de l'honneur, tels qu'une femme sensée et vertueuse les concevait au XVe siècle. Il semble que l'antiféministe le plus convaincu ne pourrait que gracieusement s'incliner devant le féminisme de Christine de Pisan ». La seconde idée est que Christine ne formule aucune des revendications que l'on pourrait à proprement appeler qualifier de « féministes » : « Le livre des Trois Vertus, tout attaché aux devoirs et non aux droits de la femme, ne porte aucune trace de ces timides protestations, et si Christine nourrissait quelques secrètes velléités de révolte contre le sort injuste réservé à ses sœurs, nous n'en savons rien. Elle n'en parle pas. La Cité des dames nous fournirait aussi bien son contingent d'idées anti-féministes. »

Mathilde Laigle ne rentre pas dans le débat, trop contemporain à ses yeux, et propose une autre lecture : « Ce que Christine prêche, ce n'est pas le murmure, la rébellion contre les lois ou usages établis, c'est l'énergie personnelle, l'effort constant pour parer au mal : l'éviter, si possible, l'atténuer, si on ne peut l'anéantir, ou le subir avec courage, s'il est plus fort que la volonté humaine. »

La controverse avec Ernest Langlois

Dans la Revue de la Bibliothèque de l'École nationale des chartes (Année 1913 Volume 74 pp. 143-144), le médiéviste Ernest Langlois publie une critique vive sur la forme de l'ouvrage de Laigle. « Son livre, fort bien ordonné, écrit avec élégance, est d'une lecture agréable. Et pourtant je dois avouer qu'il m'a paru long et disproportionné à son sujet. Son commentaire du traité ressemble un peu à la glose d'Orléans. Mademoiselle Laigle a des connaissances variées et étendues et les a mises sans réserve à la disposition de ses lecteurs, sans doute elles intéresseront et instruiront la plus grande partie de son public mais les historiens familiers avec le Moyen-Age n'y apprendront peut-être pas beaucoup. » En fait, Ernest Langlois distinguait radicalement "le public" du livre de Laigle du public universitaire, alors que les mouvements féministes américains, sous l'égide par exemple de Sojourner Truth, avaient acquis une réelle autorité intellectuelle. Il est remarquable que ce compte rendu n'aborde pas le sujet du livre mais se borne à énumérer les fautes de typographie ou les maladresses de style. On peut par exemple citer le passage suivant : « Je crains que l'érudition de l'auteur ne semble parfois sujette à caution. Par exemple, l'historien doit refuser d'assimiler la chambrière de Christine de Pisan à la serve de Barthélémy l'Anglais : “Se elle a enfans, ils sont sers du seigneur et de la mère et se la chambrière est serve, elle ne puet se marier a sa voulenté et cellui qui la prend a femme se met en servitude et le puet du seigneur vendre a denier comme un beste.” Un exemple encore, peut-on appeler les Gesta Romanorum  “ces trésors de leçons morales cachées sous le voile d'histoires délectables autant que véridiques” ? »

Les réactions à ses travaux sont parfois rudes : lors d'une conférence en 1912 à Strasbourg, M. Laigle est interrompue par une personne de l'assistance qui lance à propos de Christine de Pisan : "Elle aurait mieux fait de se trouver un autre mari et de s'occuper des gamins".

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