Mathilde Laigle | |
Portrait de Mathilde Laigle par E. Guérin (crayon) | |
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Naissance | 1865 France, Vandoncourt |
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Décès | 1949 (à 84 ans) |
Nationalité | française |
Profession(s) | Historienne, écrivain |
Mathilde Laigle est une personnalité française du début du XXe siècle (1865-1949). Elle est remarquable à plusieurs titres : elle fait partie des premières bachelières de la République française et des premières femmes diplômées de l'enseignement supérieur américain ; elle est la première à avoir publié une édition critique du Livre des Trois vertus de Christine de Pisan, parcourant l'Europe et ses bibliothèques à la recherche des premières éditions de l'œuvre; elle a publié un essai sur le milieu historique et littéraire de Christine de Pisan qui, outre une controverse avec Ernest Langlois, lui a valu d'être aujourd'hui reconnue comme une des pionnières de l'histoire des femmes; enfin c'est une des premières femmes françaises à avoir enseigné à l'université (aux États-Unis, au Wellesley College) et à avoir participé à de nombreux ouvrages collectifs en anglais.
Mathilde Laigle est en outre un auteur dramatique méconnu, avec des pièces de théâtre pour enfants, notamment Une heure au château d'Étupes.
Mathilde Laigle est née en 1865, à Vandoncourt dans une famille de confession protestante. Elle effectue ses études primaires et secondaires à Montbéliard, dans la classe de Sophie Banzet. Elle obtient le baccalauréat mais on ignore ensuite si elle a obtenu un diplôme universitaire français ou si elle a rejoint directement les États-Unis.
Il est vraisemblable qu'elle ait obtenu d'abord un diplôme de l'université française car de 1895 à 1903 elle est préceptrice des enfants du gouverneur de l'Iowa, poste qui nécessitait la plus grande qualification. Le couple Larrabbe (William, le gouverneur de l'Iowa et son épouse Anna Matilda Appelman) étaient politiquement très engagés dans le camp réformiste au sein du parti Républicain. Fréquentant l'élite sociale et économique de l'état, Anna Matilda est connue pour ses idées en faveur du droit à l'éducation des femmes (mais pas du droit de vote). Si elle partage certaines idées du mouvement pour le suffrage des femmes, l'épouse du gouverneur Larrabbe n'est pas féministe, nuance que l'on retrouve ensuite dans les travaux de Mathilde Laigle. Tout en étant de la meilleure société, Anna Larrabbe fait elle-même la cuisine le dimanche pour laisser ce jour libre à ses domestiques. Il est vraisemblable que cette ambiance libérale, au sens américain du terme, ait plu à Mathilde Laigle qui devient vite une grande amie d'Anna Matilda. Cette dernière lui permet d'entreprendre des études à l'université de l'Iowa au même titre que ses enfants (notamment Austin). En 1905, les Larrabee lui donnent 5000 dollars pour qu'elle poursuive ses études à l'Université Columbia.
Elle soutient une thèse portant sur la littérature française médiévale, sous la direction de M.R. Weeks et M.A. Cohn. Mathilde Laigle est présentée dans plusieurs notices comme docteur en philosophie mais il y a confusion avec le titre de Ph.doctor qui est l'équivalent américain du doctorat de Lettres. Son doctorat lui ouvre les portes de l'enseignement au Wellesley College.
D'un point de vue chronologique, on sait grâce aux archives en ligne d'Ellis Island que Mathilde Laigle effectue après 1892 trois voyages transatlantiques entre 1904, 1908 et 1918. Elle ne rentre pas en France pour la simple raison qu'aucune université française d'alors n'accepte pour titulaire de Chaire une femme (par exemple Marie Curie enseigne à l'École normale supérieure de jeunes filles créée en 1881). Elle signe alors un contrat avec le Wellesley College qui va durer au moins une vingtaine, voire une trentaine d'années.
Le Wellesley college est une université privée américaine qui n'accueille que des femmes, généralement de la haute société. L'éducation dispensée est « libérale » au sens américain du terme, c'est-à-dire basée sur un dialogue entre les enseignants et les étudiants. L'université fondée en 1875 a pour but de préparer les femmes à administrer une collectivité : Non Ministrari sed Ministrare telle est la devise du Wellesley College, ce qui signifie « Ne pas être administrées, administrer » ou « ne pas être gouvernées, gouverner » selon les traductions. Si on connaît peu, faute d'archives, le contenu de son enseignement, on connaît mieux ses élèves car certaines sont devenues célèbres et la mentalité de cette université. Par exemple, actuellement, sur leur site Internet, on peut lire cette phrase : « Wellesley is a college for the student who has high personal, intellectual, and professional expectations » qui signifie « Le Wellesley est une université pour une étudiante qui a l'espérance d'un développement important de son potentiel personnel, intellectuel et professionnel ». Aussi la formation des élites a toujours été une priorité dans cet établissement.
En parallèle, Mathilde Laigle participe à des publications historiques et littéraires, notamment avec George Frederic Kunz pour l'écriture du Book of Pearl.
Elle est ensuite contactée par l'éditeur Honoré Champion qui a demandé en 1906 à Jean Dufournet de diriger la collection (qui existe encore) la Bibliothèque du XVe siècle. Il lui demande de publier la première version critique de l'ouvrage de Christine de Pisan, le Livre des Trois vertus. Elle quitte momentanément les États-Unis pour réaliser un grand tour d'Europe des bibliothèques à la recherche des manuscrits de Christine de Pisan.
Le Livre des Trois Vertus est connu sous plusieurs titres comme le Trésor de la Cité des Dames (qui est devenu, depuis son travail, un sous-titre), ou La Cité des dames. Mathilde visite la Bibliothèque Nationale de France, la bibliothèque de l'Arsenal de Paris, de Lille, le British Museum', la Bibliothèque Royale de Bruxelles et la bibliothèque royale de Dresde pour comparer les manuscrits de Christine de Pisan. Elle répertorie treize manuscrits qui lui permettent de retracer l'histoire même du Livre des Trois Vertus.
L'édition critique du Livre des Trois vertus parue en 1912 est précédée par un essai sur le milieu littéraire médiéval.
En 1935, à l'âge de soixante dix ans, elle achète une maison à Beaumont-de-Pertuis avec sa sœur Eva Laigle-Mottet (qui était professeur de mathématiques mais sur laquelle on ne possède aucun élément biographique); elles y élèvent leur neveu, Philippe. C'est dans ce village que commence sa deuxième carrière d'écrivain pour enfants avec notamment une pièce de théâtre pour enfants jouée à partir de 1936. Mathilde Laigle est morte en 1949.