En probabilités (mathématiques, statistiques), on définit le moment d'ordre n>0 d'une variable aléatoire X, s'il existe, le nombre .
La notion de moment en mathématiques, notamment en calcul des probabilités, a pour origine la notion de moment en physique.
Soit une fonction continue sur un intervalle I (non réduit à un point) de . Étant donné un entier naturel n, le n-ième moment de f est défini (sous réserve d'existence) par :
Remarque : pour un entier naturel n donné, l'ensemble des fonctions continues sur I dont le moment d'ordre n existe est un espace vectoriel réel, et l'application est une forme linéaire sur cet espace vectoriel.
On définit le moment centré d'ordre n>0 d'une variable aléatoire X, s'il existe, le nombre .
Lorsque le moment existe, on utilise souvent l'estimateur suivant pour le moment d'ordre k:
à partir de l'échantillon .
On peut montrer que cet estimateur est sans biais.
En définissant
.
Il existe des formules (qui ressemblent à celle du binôme) permettant de calculer un moment centré d'ordre k à partir des moments ordinaires d'ordre inférieur ou égal à k, et réciproquement ; voici quelques exemples (jusqu'à l'ordre 4) :
Certains moments sont connus sous un nom particulier. Ils sont utilisés couramment pour caractériser une variable aléatoire.
On peut se demander si une fonction continue dont tous les moments existent est déterminée par la suite de ses moments. Cette question est appelée problème des moments.
En d'autres termes : soient deux fonctions continues dont chacune admet, pour tout entier naturel n, un moment d'ordre n. Si, pour tout , peut-on affirmer que f = g ?
La fonction h = f − g est continue sur I, et tous ses moments sont nuls, car pour tout n, mn(h) = mn(f) − mn(g).
On en déduit, par linéarité de l'intégrale, que
quel que soit le polynôme réel P ; en effet, si
, alors
.
Or, d'après un théorème de Weierstrass, pour toute fonction continue
, il existe une suite de polynômes (réels) convergeant uniformément sur
vers cette fonction. Il existe donc une suite (Pn) de polynômes qui converge uniformément vers h sur
. Alors, la suite des produits
converge uniformément vers h2 sur
et il en résulte que
.
Comme h est continue sur le segment
, ceci prouve que h = 0, c'est-à-dire f = g.