Philippe Pinchemel - Définition

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Introduction

Philippe Pinchemel, né le 10 juin 1923 à Amiens (Somme) et mort le 16 mars 2008 à Sceaux (Hauts-de-Seine), est un géographe français.

Carrière

Élève du lycée d'Amiens (où il trouve sa "vocation" de géographe, selon ses dires), puis étudiant à la Sorbonne, il devient l’élève d'André Cholley et s’oriente vers l'agrégation de géographie. Conformément à la tradition universitaire de l’époque, il soutient deux thèses : l’une en géomorphologie consacrée aux plaines de craie des bassins parisien et londonien ; l’autre en géographie humaine consacrée à la dépopulation rurale en Picardie (région à laquelle il est fortement attaché).

Maître-assistant puis maître de conférences à l’Université de Lille de 1954 à 1965, il s’intéresse à la géographie urbaine et industrielle, une thématique qu’il approfondira en dirigeant au milieu des années soixante l’enseignement général de géographie urbaine à l’Institut d'urbanisme de l'université de Paris. Il étudie avec ses collègues géographes et sociologues le « sous-développement » du Nord. Pinchemel s’oriente dès lors sur la voie de l’aménagement du territoire en étudiant notamment l’implantation des universités ou la question des grands ensembles. Il prônera la conception du géographe aménageur, c’est-à-dire la posture du chercheur qui met son savoir en action.

Nommé professeur à la Sorbonne au milieu des années 1960, il rencontre des géographes marxistes comme Pierre George. Dans l’ébullition idéologique et intellectuelle au sein de l’université, l’intérêt pour l’épistémologie et l’histoire de la discipline grandit chez Philippe Pinchemel. En 1967, il fonde avec le médiéviste Michel Mollat du Jourdain le Centre d’histoire de la géographie et de géographie historique. Dans la droite ligne de ses préoccupations, il est nommé en 1968 par Jean Dresch président de la commission pour l’histoire de la pensée géographique au sein de l’Union Géographique Internationale, chargée de renouveler les problématiques épistémologiques de la discipline. De même, il sera président de la commission d’épistémologie et de l’histoire de la géographie (1973-1988) du Comité national Français de Géographie.

Impact et postérité

Par ses recherches épistémologiques sur sa discipline, Philippe Pinchemel s’attache à définir la géographie (en analysant ses fondements), ses objets (contribuant à définir les concepts fondamentaux de milieu, de région et territoire, de paysage), ses méthodes et ses outils (notamment pour l'étude des systèmes spatiaux). Se revendiquant de l’héritage de Paul Vidal de la Blache, il cite volontiers sa phrase célèbre selon laquelle la géographie est la science des lieux et non celle des hommes. Face à l'évolution de la géographie contemporaine vers les sciences sociales, il a le souci de recentrer la géographie sur ce qu'il dénomme l'interface terrestre. Sur cette interface s'inscrivent deux processus : l'humanisation (ou transformation du milieu naturel) et la spatialisation (ou organisation spatiale par des pôles, des réseaux, des découpages administratifs ou politiques).

La Face de la Terre qu’il écrit avec sa femme Geneviève Pinchemel est l’aboutissement de son cheminement intellectuel, d’une réflexion sur le recentrage de la géographie. C'est un manifeste pour l’unité de la discipline. La géographie est définie comme l'étude de l'écriture des sociétés humaines sur l'interface naturelle de la Terre, écriture qui traduit l'action géographique des hommes, écriture complexe faite de lignes, de points, de surfaces, de formes, volumes et couleurs. De là, Pinchemel développe une conception générale et ambitieuse pour la géographie : accéder à « l’intelligence de l’interface terrestre ». Pour lui, la discipline est à la fois savoir, action et pensée.

Philippe Pinchemel a fait connaître les grandes oeuvres de la "new geography" anglophone, en faisant traduire et éditer, au début des années 1970, "L'Analyse spatiale en géographie humaine" de Peter Haggett et "La géographie des marchés et du commerce de détail" de Brian Berry. À partir des années quatre-vingt dix, Philippe Pinchemel édite dans la collection du Comité des travaux historiques et scientifiques des ouvrages de géographes (souvent oubliés ou ignorés par la communauté scientifique) contribuant à éclaircir les fondements de la géographie (épistémologique et historique) et témoignant de sa volonté de continuer à définir son « essence ». C’est ainsi que fut éditée en France l’Histoire de la pensée géographique du géographe anglais Clarence J. Glacken ou réédité L’homme et la terre d’Eric Dardel, œuvre ayant influencé de nombreux géographes contemporains, mais aussi des ouvrages de l'entre-deux-guerres peu connus, comme "Noirs et Blancs" de Jacques Weulersse et "Peuples et nations des Balkans" de Jacques Ancel.

Il a reçu le prix Vautrin Lud au Festival international de géographie de Saint-Dié-des-Vosges le 3 octobre 2004, le « prix Nobel » de la géographie, qui couronne ses recherches et ses apports à la discipline.

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