Prieuré de Serrabone | |
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Nom local | Serrabona |
Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Languedoc-Roussillon |
Département | Pyrénées-Orientales |
Ville | Boule-d'Amont |
Culte | Aucun aujourd'hui |
Type | Prieuré |
Rattaché à | Règle de Saint Augustin |
Début de la construction | XIe siècle |
Fin des travaux | XIIe siècle |
Style(s) dominant(s) | Roman |
Protection | Monument historique |
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Le prieuré de Serrabone, fondé au début du XIe siècle, est situé dans le département des Pyrénées-Orientales, à une trentaine de kilomètres de Perpignan, dans le massif des Aspres sur les contreforts orientaux du massif du Canigou. Il est situé dans un paysage sauvage et d'une grande beauté (à proximité des gorges du Boulès), et demeure encore aujourd'hui d'accès difficile.
Il est surtout connu pour sa magnifique tribune en marbre, datée du XIIe siècle et considérée à juste titre comme l'une des plus belles réalisations de l'art roman nous étant parvenues.
La plus ancienne mention du lieu remonte à 1069, date à laquelle une église paroissiale dédiée à la Vierge est citée. Treize ans plus tard, en 1082, un collège de chanoines de l'ordre de Saint Augustin est établi dans les lieux.
L'édifice fera alors l'objet d'importants travaux d'agrandissement et d'embellissement. La nouvelle collégiale est consacrée en 1151 par l'évêque d'Elne. Le collège était mixte, car comprenant des hommes et des femmes (qualifiées de converses).
L'apogée du prieuré fut de courte durée : les troubles commencent aux XIIIe et XIVe siècles avec l'individualisme croissant des chanoines (maisons privatives au lieu de partager des lieux de vie commune comme le stipulait la règle). La décadence devient alors inéluctable et atteint un tel degré au cours du XVIe siècle que le pape sécularise alors le prieuré, comme tous ceux rattachés à la règle de Saint Augustin en Espagne.
Rattachée à Solsona en Catalogne (nouveau diocèse établi à cette époque), la collégiale devient église paroissiale et tombe lentement dans l'abandon et l'oubli.
Au début du XIXe siècle, toute la partie occidentale de l'église s'effondre, minée par les intempéries. On n'hésite pas non plus à démonter, dans le cloître, la rangée intérieure de colonnes et chapiteaux pour constituer un retable dans l'abside.
Les lieux deviennent par la suite la propriété d'un particulier, qui entreprend des travaux de restauration dans les années 1900 (le début du XXe siècle marque le début d'une période, déjà amorcée au XIXe siècle, de redécouverte du patrimoine local) et qui se poursuivirent tout au long du XXe siècle.
L'église actuelle est formée par la nef de l'église antérieure (celle de la mention de 1069), à laquelle fut adjoint un collatéral, un transept, une galerie de cloître et les absides lors des travaux d'agrandissement du XIIe siècle. C'est cet édifice, consacré en 1151, que l'on peut voir aujourd'hui. Cependant, toute la partie occidentale, effondrée au début du XIXe siècle, a été refaite dans les années 1950-1960. La façade ouest a alors été dotée d'une malencontreuse baie, bien trop large par rapport aux autres ouvertures de l'église.
Au chevet, les deux absidioles du transept ne sont pas visibles car intégrées au massif de l'édifice, par contre l'abside centrale est bien visible.
La nef est voûtée en berceau brisé et le collatéral en demi-berceau. Les deux vaisseaux communiquent entre eux par deux arcades percées dans le mur les séparant (mur faisant partie de l'édifice du XIe siècle). Les trois absides sont voûtées en cul-de-four.
Il reste peu de choses de la décoration intérieure en dehors de la tribune, si ce n'est des traces de fresque sur le mur sud de la nef.
Il est accolé au côté sud de l'église, et ses arcades ouvrent sur le ravin à proximité du prieuré. Un petit jardin est ménagé à son pied, sur une des terrasses ménagées pour soutenir le prieuré. Ses arcades sont ornées de belles colonnes et de beaux chapiteaux en marbre dont on pourra trouver une description détaillée dans les ouvrages cités en bibliographie ci-dessous.
La galerie possède encore un enfeu dans lequel subsiste des traces de fresque.
C'est incontestablement l'une des plus belles réalisations des artistes romans roussillonnais. Elle a été réalisée avec du marbre rose provenant des carrières de Villefranche, marbre qui orne de nombreuses autres églises romanes des environs.
Elle est située à peu près au milieu du vaisseau central. On peut remarquer quelques non-ajustements dans l'assemblage des blocs et des sculptures la constituant : cela résulte dans le fait qu'ils ont probablement été taillés avant d'être assemblés dans l'église même, ce qui a alors nécessité des ajustements de dernière minute.
La tribune a une forme à peu rectangulaire de 5,60 x 4,80 mètres pour une hauteur avoisinant les 3 mètres. Une balustrade, dont il ne reste aujourd'hui que quelques éléments sculptés (certains ont été remontés au-dessus de l'étage inférieur, d'autres sont actuellement entreposés dans des vitrines situées dans le transept), dominait cet ensemble sur une hauteur d'environ 1,50 mètre. Il est à noter que les croisées d'ogives présentes sous la tribune ne sont en aucun cas une forme primitive de voûte gothique : elles ont ici un rôle purement décoratif, afin de cacher la voûte d'arête les surplombant sans jamais les toucher.
On trouvera, là aussi, une description détaillée de la sculpture de la tribune dans les ouvrages (entre autres) cités dans la bibliographie.