Scandale du gaz naturel - Définition

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Le scandale

Les révélations du Devoir

Le scandale du gaz naturel éclate le 13 juin 1958, avec une manchette fracassante du quotidien montréalais Le Devoir : « Scandale à la corporation du Gaz naturel du Québec ». Le quotidien, déjà hostile au duplessisme, déballe toute l'histoire. Pierre Laporte écrit : « Des ministres, des conseillers législatifs, des fonctionnaires et des financiers sont impliqués dans cette affaire de 20 millions $. Plusieurs ministres du cabinet Duplessis — peut-être le Premier ministre lui-même — ont spéculé sur les actions de la Corporation de gaz naturel du Québec. ».

Le lieutenant-gouverneur du Québec Onésime Gagnon et sept de ses anciens collègues, ministres du gouvernement provincial, sont mentionnés : Antonio Barrette, Johnny Bourque, Paul Dozois, Daniel Johnson, Arthur Leclerc, Jacques Miquelon, Yves Prévost et Antonio Talbot. Ces personnalités, des conseillers législatifs et des hauts fonctionnaires auraient utilisé des informations confidentielles pour faire « l'un des coups de Bourse les plus extraordinaires de notre histoire ». Le Devoir évoque des profits de 20 millions CAD et parle d'une plus-value de 4000 %.

Les allégations du Devoir sont au nombre de 5. Elles se résument comme suit :

  1. La vente de la Corporation de gaz naturel s'est soldée par un « coup de bourse » d'au moins 20 millions CAD ;
  2. Les 7 compagnies de placement qui représentaient les promoteurs de la Corporation de gaz naturel ont empoché un gain en capital non imposable de 9 millions CAD ;
  3. Au moins huit ministres de l'Union nationale sont mêlés au scandale ;
  4. Les promoteurs n'ont investi que 50 000 CAD pour acheter un actif d'une valeur de 39 millions CAD. Le public a fait les frais de la différence ;
  5. Au moins 3 fonctionnaires d'Hydro-Québec ont joué sur les deux tableaux ; la Corporation de gaz naturel les a récompensés en leur accordant des options et en les nommant parmi les dirigeants de l'entreprise privatisée.

Pendant plus de deux mois, le quotidien montréalais martèle quotidiennement le gouvernement et réclame des démissions. Ces attaques culminent le 28 août 1958 avec la publication d'une édition spéciale du journal, qui résume le résultat de l'enquête du journal.

Réponse du gouvernement Duplessis

Furieux, Maurice Duplessis réplique dans une de ses conférences de presse que la vente n'a pas été faite par le gouvernement, mais qu'elle est le résultat d'une loi adoptée à l'unanimité par l'Assemblée législative et que le gouvernement a fixé les conditions dans un arrêté ministériel, le 7 mars 1957, soit 45 jours avant la mise en vente des actions.

L'historien Robert Rumilly — qui était proche de Duplessis — affirme que Le Devoir a faussé la vérité en affirmant que les ministres et leurs amis « se sont vendus à eux-mêmes une propriété publique » et ajoute que « toute la bourgeoisie de Québec et de Montréal » était au nombre des 6 000 personnes qui ont acheté ce titre le jour de sa mise en vente. Qui plus est, ajoute Rumilly, certains Libéraux influents, comme Roland Bock et Brooke Claxton, ont obtenu leurs actions le jour de la mise en vente.

L'affaire fait boule de neige et les confrontations entre le premier ministre et les journalistes du quotidien de Gérard Filion s'enveniment. Le 27 juin 1958, le premier ministre fait expulser de manière musclée le journaliste Guy Lamarche de sa conférence de presse hebdomadaire. Duplessis intente une poursuite en dommages contre Le Devoir en septembre 1958, mais les suites seront éphémères.

Atteint du diabète et vieillissant, le premier ministre Duplessis est profondément affecté par le scandale, soutien l'historien Jacques Lacoursière. Il mourra un an plus tard, le 7 septembre 1959.

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