L’égalité des chances passe par l’égalité dans tous les domaines, y compris dans celui de la tenue vestimentaire au sein des établissements scolaires. La mixité sociale durant la période de vie scolaire aurait dû permettre aux enfants d’origines ethniques, religieuses et sociales diverses d’apprendre à cohabiter et à se construire un avenir de cohésion. Or, il n’en est rien, et les différences vestimentaires dues à un battage médiatique des lobbies de marques connues sont de plus en plus les représentations d’une forme de discrimination encore plus insidieuse que celle de la distinction de la race, celle-ci touche tous les élèves issus de familles modestes. Nombre de ces familles se sentent obligées de satisfaire les demandes vestimentaires de leurs enfants, afin qu’ils ne se sentent pas rejetés par leurs camarades de classe, et vont parfois jusqu'à s'endetter pour cela.
L’uniforme scolaire permettrait aux enfants de toutes origines confondues de se consacrer à leur objectif de réussite scolaire en les soustrayant à une contrainte inutile dont ils ne sont pas toujours conscients, celle de devoir sacrifier à la mode sous peine d’être exclu. C’est en portant un uniforme identique à leurs camarades qu’ils seront fiers d’affirmer leur identité propre et non par un style vestimentaire adopté pour se faire accepter et dont ils ne sont pas toujours fiers (survêtements, baskets, casquettes). Les effets positifs de l’adoption d’un uniforme peuvent être multiples, on peut envisager évidemment une réduction des niveaux de violence dans les écoles, une meilleure intégration des enfants de population immigrée, une suppression des barrières sociales, une meilleure réussite scolaire par l’absence de distraction due aux tenues fantaisistes et pour finir, l’adoption d’un comportement, d’une posture et d’un langage qu’induit naturellement ce type de code vestimentaire.
Façonnant un esprit de corps, l'uniforme est accusé de développer les instincts grégaires. Imposant une tenue vestimentaire aux jeunes, il empêche l'expression de la personnalité. En habituant les jeunes à accepter un moule, c'est un puissant vecteur du conformisme social.
Il est accusé de rapprocher l'école du fonctionnement d'un corps militaire. Certains n'hésitent pas à parler d'« embrigadement de la jeunesse ».
Le contre-argument classique est évidemment que les adolescents auraient tendance à se forger eux-mêmes un code vestimentaire très conformiste, fondé sur des marques et conduisant à l'exclusion ou aux moqueries envers les élèves n'ayant pas les moyens de posséder ces marques. Mais, les élèves peuvent par des coiffures, des bijoux et des accessoires se différencier tout autant économiquement qu'ils le font avec des marques. De plus, en dehors de l'école, cette soi-disant protection n'existe plus. L'uniforme en cela sépare encore plus l'école du monde réel. Selon le sociologue Alain Touraine :
« L’école tournée vers l’école n’est tournée ni vers l’enfant, ni vers la Nation ; elle devient un monde ayant de moins en moins de repères par rapport au monde extérieur. Tout ce qui en fait un monde isolé, séparé, protégé me semble néfaste. La grande affaire aujourd’hui, c’est au contraire d’intégrer les enfants venus du dehors sans rompre leur histoire personnelle. Au lieu de leur imposer un uniforme, je voudrais qu’on leur apprenne, ainsi qu’aux enseignants,l’importance et la beauté du multiculturalisme, de la communication entre les cultures. »
L'uniforme est cher, et ce coût se rajoute à celui des vêtements traditionnels qui sont revêtus dès la sortie de l'école.
L'uniforme est souvent incommode (les jupes en hiver) et inconfortable, et pas toujours très seyant. Un autre argument est que souvent l'uniforme n'est pas le même pour les garçons et les filles, ce qui contribue à la séparation des sexes dans la société.