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Les bâtiments
L'église abbatiale
- L'église abbatiale est dédiée à saint Michel. Elle a été construite, en même temps que le monastère au VIIIe siècle, mais il reste peu d'éléments visibles de cette église primitive, remaniée (voire reconstruite) après les destructions au Xe siècle. Les vestiges constituent les soubassements de l'église actuelle, mais aussi le plan du chevet à abside majeure et absidioles très profondes (voûtées en cul-de-four), et un transept très prononcé.
- Le monument fut profondément remanié au XIIe siècle, tout en conservant tout ou partie du plan d'origine. Les parties hautes ont été reprises afin de permettre l'établissement d'une voûte en berceau sur le transept, auparavant charpentée, tout comme la nef. Celle-ci fut cependant presque totalement reconstruite pour être voûtée, car les murs primitifs n'étaient certainement pas assez robustes pour soutenir un tel poids. Le chevet fut aussi remanié, avec une reprise des voûtes des absides et la mise en place d'un décor peint dont il reste quelques vestiges. Une fois les travaux achevé, l'église fut consacrée en 1153.
- L'église présente aujourd'hui un plan en forme de croix latine, typique de l'architecture romane, avec une seule nef débouchant sur un transept pourvu de trois absides.
- Le mobilier consiste essentiellement en plusieurs retables baroques, notamment le retable central réalisé au début du XVIIe siècle, entièrement en bois peint.
- L'édifice est dominé par deux clochers-tours (le plus important s'élève sur la croisée du transept), récemment restaurés, qui sont tout deux le fruit de plusieurs campagnes de construction.
La façade principale
- La façade de l'église comporte plusieurs ossuaires et sculptures romanes, mais elle est surtout connu pour le portail en marbre blanc comportant le fameux linteau en marbre blanc, la plus ancienne sculpture romane datée.
- Les inscriptions funéraires sur les ossuaires indiquent les sépultures de moines ou de personnalités proches de l'abbaye. On trouve notamment deux pierres tombales représentant le défunt couché les bras croisés.
Historique
- Il existait très certainement déjà un cloître, mais aucune trace n'en a été découverte lors des travaux entrepris dans les années 1980 pour le rétablissement de l'actuel.
- Le cloître actuel de l'abbaye date de la fin du XIIIe siècle. On sait d'après une épitaphe qu'il était achevé en 1271.
- Vendus comme bien national à la Révolution, le cloître fut fragmenté entre plusieurs propriétaires. En 1924, un antiquaire parisien acquiert les trois-quart du cloître. Le tout est alors démantelé, sauf le quart Sud-Est (six colonnes, trois colonnettes avec le pilier d'angle) car son propriétaire avait refusé de céder sa partie du cloître. Les galeries sont désormais supportés par des piliers en brique.
- L'antiquaire va alors faire sculpter des copies de plusieurs des chapiteaux et colonnes, tant et si bien qu'il pourra vendre deux cloîtres, plus petits que celui d'origine. Un fut installé au domaine des Mesnuls dans les Yvelines, tandis que l'autre est expédié outre-Atlantique au musée archéologique de Philadelphie.
- Un ensemble comportant deux arcs et leurs trois supports complets (chapiteau, colonne et base) est donné au Louvre en 1925. Ce qui reste du cloître (le quart Sud-Est) est alors classé monument historique.
- Cinquante ans plus tard, l'État rachète le cloître des Mesnuls, qui était constitué de la plupart des éléments d'origine (du moins pour la majorité des chapiteaux). Le musée du Louvre restitue également ses deux arcades en vue de la reconstruction du cloître. Les pierres exportées aux États-Unis ne pourront cependant pas être rapatriées.
- Les travaux de réinstallation du cloître débutent en 1986 et durent jusqu'en 1987, les éléments manquant étant remplacés par de nouvelles, sculptées dans la même pierre. La restauration s'achève en 1994.
La sculpture
- La période de construction du cloître (années 1250-1260 explique son style "roman tardif", avec les jeux de couleurs sur les différents marbres employés et le trait de la sculpture des chapiteaux.
- Celle-ci peut d'ailleurs paraître assez fruste au regard des chapiteaux de Serrabone ou encore de Saint-Michel de Cuxa. Assez prononcés aux angles des corbeilles des chapiteaux, les reliefs deviennent des méplats sur les faces. Certains spécialistes ont avancé que ceux-ci devaient être peints.
- MALLET, Géraldine, Églises romanes oubliées du Roussillon, Les Presses du Languedoc, 2003, page 263 : l'auteur explique qu'il s'agit de la seule hypothèse plausible pour expliquer la pauvreté de la qualité sculpturale des chapiteaux, comparé au jeu sophistiqué sur les colories des marbres des arcades et colonnes.