Les meubles n’étaient pas imposés ; cependant, des « appartement témoins » ouvrent leurs portes à cette époque pour montrer les aménagements les mieux adaptés à ces nouveaux logements. Ces modèles se situent dans la droite ligne du Salon des arts ménagers qui avait alors pour but de montrer les avantages utilitaires et économiques des productions modernes.
Des meubles et des objets authentiques : dans la plupart des cas, le mobilier exposé dans l’appartement témoin Perret a non seulement été conçus pour équiper cette architecture mais il a également été acheté à des familles havraises.
Reconstitution de la salle aménagée par René Gabriel en 1947. Par sa position centrale, la salle à vivre communique avec la totalité des autres pièces. Séparée de la cuisine et du bureau par des cloisons pliantes et coulissantes, puis de la grande chambre par une porte à deux battants, cette salle cristallise l’idée que « la vie familiale doit tenir dans une grande pièce commune ».
La salle de séjour reconstitue un ensemble de René Gabriel : les meubles (et leur positionnement) sont exactement identiques à ceux présentés par Auguste Perret pendant l’Exposition internationale de l’urbanisme et de l’habitation, en juillet et août 1947. Ce mobilier à destination des sinistrés s’inspire de prototypes réalisés dès 1945 pour le Salon des artistes décorateurs et a été créé spécialement pour la présentation du logement-type du Havre. Simples et robustes, ces meubles sont destinés à être produits en série puis vendus à des ménages aux revenus moyens. Leurs proportions facilitent un entretien sans aide domestique : surfaces lisses pour le dépoussiérage, passage du balai sous les bahuts, finitions cirées. Diffusés dans l’immédiat après-guerre, ils sont produits en série par la maison Lieuvin à Bernay (Eure) puis diffusés par des ensembliers-décorateurs dans les différentes provinces françaises (André Beaudoin au Havre).
Reconstitution de la chambre aménagée par Marcel Gascoin en 1952. Située côté cour, la grande chambre centrale (16 m²) fait face au séjour et peut donc faire office de salle à manger. Elle pouvait également être destinée à des enfants, selon le taux d’occupation supposé pendant la reconstruction qui prévoyait six personnes pour quatre pièces. Une première chambre d’enfant est située près de la porte d’entrée afin que les enfants puissent sortir librement dans la rue.
Cette chambre pour deux enfants présente les meubles de Marcel Gascoin visibles à plusieurs reprises dans des appartements-types au Havre : en décembre 1952 (quartier du Perrey) et en août 1953 (immeuble de la Porte Océane). Conçus pour être réalisés en grandes série sans pour autant adopter des formes trop mécanisées, rebutante pour la clientèle, ces meubles sont exécutés dans les ateliers parisiens de Marcel Gascoin à partir de 1949 (rue Rennequin), puis par l’ébéniste et fabricant de meubles havrais Loison frères entre 1952 et 1954 (rue du Maréchal-Gallieni). D’un faible coût, ces meubles sont largement diffusés par les magasins d’ameublement des villes moyennes et promus par les grandes revues de décoration (Maison Française, Arts ménagers, Meubles et décors, etc.) grâce à une campagne promotionnelle sans précédent.
Élément de cuisine CEPAC (1946). Provenant des donations des habitants du Havre, les objets usuels (équipement ménager) retracent les différentes étapes dans l’émergence de la société de consommation. Si les premières années de l’après-guerre sont marquées par les restrictions et le prolongement des mesures de rationnement, le début des années 1950 voit l’émergence de nouveaux équipements (autocuiseur, réfrigérateur, etc.) qui, entre la fin des années 1950 et le début des années 1960, équipent la plupart des ménages.