Appartement témoin (Le Havre) - Définition

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Introduction

Bien que l’architecture d’Auguste Perret soit aujourd’hui internationalement reconnue, l’histoire et l’agencement des appartements proposés dans le projet de reconstruction du Havre restèrent longtemps ignorées.

Ouvert en mars 2006, dans le cadre de l’inscription par l’UNESCO du Centre-ville reconstruit du Havre sur la Liste du patrimoine mondial de l’Humanité, l’Appartement témoin Perret est un musée de la Ville du Havre consacré à l’architecture intérieure, ainsi qu’à l’ameublement et à la vie quotidienne depuis la Libération jusqu’au milieu des années 1950.

Le logement selon l’Atelier Perret, 1946

« Notre effort a principalement tendu à créer dans les limites sévères d’un programme " de restriction ", des logis dans lesquels une vie familiale normale puisse se développer. Nous sommes arrivés ainsi à des surfaces et des volumes au-dessous desquels il nous parait souhaitable de ne pas descendre, et qui ne sont admissibles aujourd’hui que parce qu’il s’agit de créer d’urgence des logis dignes pour le plus grand nombre, dans des conditions économiques très difficiles ».

Un modèle d’appartement

L’immédiat après-guerre correspond à une recherche du « logement idéal » pour les nombreux sinistrés des villes bombardées ; pendant l’Exposition internationale de l’urbanisme et de l’habitation (juillet 1947) sont présenté des projets très diversifiées comme la Cité radieuse de Marseille (Le Corbusier) ou les immeubles de Sotteville-lès-Rouen par Marcel Lods. Quant aux Immeubles sans affectations individuelle imaginés par l’Atelier d’Auguste Perret, situés la place de l’hôtel de ville au Havre, ils font déjà figure d’exemple à suivre dans de nombreuses revues d’architecture.

Dessiné et publié en 1946, ce projet obéit à plusieurs contraintes afin d’accorder :

  1. une solution économique (matériau béton, préfabrication, standardisation)
  2. un mode de construction durable (architecture « classique » (banale), ossature robuste)
  3. un confort « moderne » (ensoleillement, équipements intérieurs).

Par-delà l’agencement en « îlots ouverts », l’étude des intérieurs, permet également de comprendre que cette architecture ne se réduit pas à son classicisme mais s’élargit à une recherche de solutions optimales, définies par le résultat des expériences du passé. D’un autre côté, l’idéal de « durabilité » est rendue plus évidente encore en observant la flexibilité des intérieurs car les usages sont considérés comme des éléments provisoires de l’architecture : « L’intérieur de l’appartement ? Nu. Aucun décor fixe. Rien que des proportions justes. C’est à l’habitant de décorer son logis ; et j’imagine que ce décor sera variable. Contempler sans répit les mêmes formes, c’est entendre quotidiennement le même poète. Il y a de quoi le rendre odieux. L’architecte moderne saura mieux respecter la personnalité de l’habitant ».

S’exprimant ainsi en 1925, on comprend aisément que l’esthétique extérieure veuille évoquer le « caractère » général d’une habitation urbaine (l’îlot haussmannien), sans pour autant en déterminer l’usage interne de façon irréversible. L'aménagement intérieur des appartements Perret était révolutionnaire.

Le plan flexible du premier appartement témoin

Le modèle du Havre relate le logement moyen imaginé pendant la reconstruction : un appartement traversant dont les pièces sont distribuées par un couloir central et dont la spécificité réside dans une distribution découlant de la construction et d'une recherche de résistance aux inévitables changements d'usages.

L’épaisseur importante de l’immeuble (12,5 m) permet un abaissement des coûts de fabrication et de fonctionnement en limitant la surface de façades. L’apport de lumière est favorisé par la position des pièces dites de « longs séjours » - les plus sollicitées - qui doivent bénéficier d’un éclairage direct. Les trois chambres (11 m², 15 m² et 16 m²) forment ainsi un « espace nuit » donnant sur la cour intérieure.

Côté rue, se situe « l’espace jour » où se placent cuisine avec coin repas (7 m²), salle à vivre (22 m²) et bureau (7 m²)

Au centre du logement se succèdent les pièces de « courts séjours » : l’entrée (6 m²) avec sanitaires (1 m²), le couloir (dégagement, 4 m²), la salle de bains (6 m²) et un dressing (2 m²).

La surface totale est de 99 m².

Un plan modifiable : cet agencement intérieur reste modifiable à souhait car le volume intérieur du logement est dépourvu de murs porteurs ou de tuyauteries, la structure porteuse se limitant à une seule colonne (positionnée dans l’entrée), les gaines se situant en périphérie (murs mitoyens).

Un cloisonnement flexible : le cloisonnement est prévu pour de multiples usages grâce à des cloisons pliantes et des doubles portes.

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