Le bâtiment est resté à l'abandon pendant au moins trois décennies, et est maintenant dans un état de délabrement avancé bien qu'il soit toujours en partie habité. Il existe trois propositions différentes de sauvegarde du bâtiment, qui est menacé de démolition et qui subit la pression foncière de ce quartier aux prix particulièrement élevés, chacune le transformant en appartements de luxe ou en hôtel. Le bâtiment du Narkomfin est placé sur la liste de l'Unesco des bâtiments en danger parmi ceux dont la situation est la plus préoccupante. Une campagne internationale pour sa sauvegarde a même vu le jour.
Chaque appartement est légalement la propriété de ses résidents, depuis 1992. Par la suite un spéculateur immobilier en a racheté un grand nombre ; le reste appartient toujours à ceux qui y habitent (maintenant le propriétaire majoritaire est l'agence MIAN). Ceci crée un blocage légal quand les propriétaires sont incapables de se former en copropriété et de gérer la résidence indépendamment des autorités municipales – alors la mairie exerce un contrôle presque absolu sur le destin du Narkomfin.
La mairie de Moscou, sous l'impulsion de son maire Iouri Loujkov, détient le record de démolition de monuments historiques. D'habitude les promoteurs soutenus par la mairie n'ont aucun problème pour déloger les habitants d'un bâtiment vétuste, surtout quand la plupart des propriétaires laissent eux-mêmes leur appartement en vacance. Cependant les protestations publiques contre ces réhabilitations dénaturantes du Narkomfin semblent avoir stoppé pour longtemps les velléités des promoteurs.
MIAN a l'intention de réhabiliter le Narkomfin en un appart-hôtel, et a demandé à Alexey Ginzbourg, petit fils de Moisei Ginzbourg, d'en dessiner le projet. Ils estiment que le prix de la réhabilitation ne dépassera pas les 18 000 000 euros, tandis que les prix du mètre carré dans ce quartier s'échelonnent autour de 18 000 euros. Le code russe des monuments répertoriés au patrimoine interdit toute modification majeure des murs intérieurs et cloisons. Mais en même temps les cellules et les couloirs d'origine de Moisei Ginzbourg ne répondent absolument plus aux normes de construction et de sécurité actuelles. L'intérieur ne sera donc jamais reconstruit à l'identique, même selon le scénario plus optimiste.
Le réformisme teinté d'utopisme de la vie quotidienne qui était l'idéal irriguant ce bâtiment, tomba en disgrâce pratiquement dès sa livraison. Après le début du cinquième plan quinquennal et la consolidation au pouvoir de Staline, ses idées collectivistes et féministes furent rejetées parce que jugées gauchiste ou trotskystes. Dans les années 1930, le niveau du sol qui était resté libre à l'origine avec seulement les pilotis, fut clos pour y mettre des appartements, aidant ainsi à soulager la crise du logement sévissant à Moscou, tandis qu'une aile prévue fut ajoutée dans un style stalinien. Le bâtiment surplombe l'ambassade des États-Unis, ce qui a découragé les résidents d'utiliser le toit-terrasse. Les vicissitudes du bâtiment furent relevées dans le livre de Victor Buchli An Archaeology of Socialism (Berg, 2000) qui prend les appartements et leurs habitants comme point de départ de son analyse de la « culture matérielle » soviétique.