Le château de Bellevue était un château construit au XVIIIe siècle pour Madame de Pompadour à Meudon (Hauts-de-Seine), sur le bord du plateau dominant la Seine.
En 1748, Louis XV achète un terrain situé sur le plateau de Meudon, entre le château de Meudon et celui de Saint-Cloud. Le directeur général des Bâtiments du Roi Le Normant de Tournehem complète la propriété en négociant des achats et des échanges avec des particuliers et des religieux, et le Premier architecte du Roi, Ange-Jacques Gabriel, propose des projets pour y construire une résidence de plaisance qui doit s'appeler Bellevue, en référence au magnifique panorama qui se découvre depuis cette propriété.
Dès l'année suivante, le Roi cède le terrain à Madame de Pompadour, qui s'adresse à son architecte, Jean Cailleteau dit « Lassurance » (Lassurance le jeune). Assisté par Jean-Charles Garnier d'Isle pour les jardins, ce dernier édifie très rapidement le château de Bellevue, dont les travaux sont achevés dès 1750. Alors même que la mauvaise qualité du sol exigea de profondes fondations, le chantier fut mené tambour battant : jusqu'à 800 ouvriers y travaillèrent. Louis XV venait lui-même surveiller les travaux, dînait rapidement sur place et s'entretenait avec les hommes de l'art.
En contrebas, au bord de la Seine, Madame de Pompadour acquiert en 1750 un petit pavillon édifié sous la Régence, appelé Brimborion, qui est relié au plateau par la partie du jardin aménagée au nord du château et intégré au domaine.
La favorite revend le château au roi en 1757 pour la somme de 325 000 livres. Ce dernier fait remanier la distribution et le décor intérieur sous la direction d'Ange-Jacques Gabriel. Celui-ci construit en 1767, deux ailes en retour en rez-de-chaussée, absorbées en 1773 dans une extension qui les relie au bâtiment principal. Il fait travailler Jacques Verberckt, Jules-Antoine Rousseau, Jacques Caffieri, Jean Restout, Chardin et Fragonard.
Au décès de Louis XV en 1774, le château est attribué à ses filles, Mesdames Adélaïde, Sophie et Victoire. Celles-ci font transformer le décor intérieur par Richard Mique et réaliser à Brimborion un jardin anglais orné de fabriques dont certaines rappellent celles des hameaux de Chantilly ou de Trianon.
Sous la Révolution, Mesdames prennent le chemin de l'émigration. Le château est livré au pillage et défiguré par des constructions adventices. Dès l'an XI, la maison dite « des Colonnes » mord ainsi sur le jardin anglais.
Le château lui-même est démoli en 1823 à l'initiative du promoteur Achille Guillaume, qui lotit le domaine en 1825. Il fait construire de belles maisons par l'architecte François Guenepin (V. des exemples conservés 62 route des Gardes et, peut-être, 2 rue du Bassin) sur de vastes parcelles en respectant le plan général du domaine, transformant les ailes du château pour créer une place qui portera son nom. À sa mort, le lotissement n'est pas achevé. Il est traversé vers 1838 par la ligne de chemin de fer où Dumont d'Urville trouvera la mort en 1842. Au fil des années, les vastes parcelles sont redivisées en lots plus modestes. En 1925, la compagnie Pharos effectue un ultime lotissement entre les avenues du 11 novembre, Eiffel et la rue Bussières.
Les derniers vestiges du château disparaissent de 1943 à 1972, à l' exception de la glacière et de la terrasse. Une grande partie du jardin anglais de Mesdames, respecté par Guillaume, notamment l'une des fabriques, la « Tour des Dames de France », subsiste jusque dans les années 1960.