Construction du nombre chez l'enfant - Définition

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Capacités numériques de l'enfant avant le langage

D’après Fayol, Camos, et Roussel, c'est par la verbalisation du nombre que les « conduites numériques » deviennent possibles, et font accéder l’enfant à des aptitudes numéraires plus pointues. Ainsi on peut se demander quelles sont les aptitudes de comptage, antérieures à l’âge où l’enfant à la capacité de verbaliser les nombres, qui vont évoluer par la suite.

Plusieurs auteurs se sont intéressés à cette question, et nous allons ici présenter deux travaux significatifs.

Strauss et Curtis se sont spécialement attachés aux possibilités des bébés de dix et douze mois à discriminer des groupes de deux, trois, quatre ou cinq objets sur des photographies. Ces photographies présentaient des groupes d’objets homogènes ou hétérogènes. Les auteurs ont utilisé le paradigme expérimental de l’habituation, et ont donc mesuré la durée de fixation de l’enfant sur l’image.

Les résultats ont montré que même pour des groupes hétérogènes, les bébés sont capables de discriminer parfaitement des groupes de deux par rapport à trois objets, mais ils ne peuvent le faire plus que partiellement lorsqu’il s’agit de le faire avec trois et quatre éléments. Ainsi, arrivé à quatre et cinq, les bébés ne parviennent plus à séparer les deux groupes d’objets.


Lipton et Spelke se sont interrogés sur le bien fondé des résultats d'autres auteurs qui avancaient que l'enfant ne pouvait pas discriminer quatre points de six, et ont donc mis en place une série de quatre expérimentations sur une population d’enfants âgés de six et neuf mois, à propos de discrimination de longues séquences sonores.

  • 1re expérience

Elle a été mise en place afin d'étudier la discrimination de huit éléments sonores naturels différents (des cloches, des gazouillements, des bourdonnements…) par rapport à 16 unités du même type. La population est composée de huit garçons et huit filles en bas âge, dont la moyenne atteint six mois.

La procédure consiste à mettre en place une première phase de familiarisation des sons contenant huit et douze sons (six de l’un et six de l’autre) alternativement dans le haut parleur de droite puis de gauche. Lors de la phase de test, les chercheurs mesurent le temps de fixation du haut parleur vers lequel l’enfant tourne la tête.

  • Résultat 1 :

L’analyse de variance examinant les effets de la familiarisation (8 ou 16), a indiqué un effet principal. En effet, douze des seize enfants en bas âge ont tourné plus longtemps la tête vers les séquences nouvelles, fournissant un résultat clair en faveur de la discrimination réussie.

  • 2e expérience:

Elle a été mise en place afin d'étudier la discrimination de huit éléments sonores par rapport à douze unités du même type. Tout étant égal par ailleurs par rapport à la précédente, cette expérience permet de vérifier la finesse de discrimination des enfants de six mois.

  • Résultat 2 :

Les enfants n’ont montré aucune réponse significative d’orientation lors de la présentation des séquences qui variaient en nombre. Ainsi, ce résultat montre qu’à l’âge de six mois, les enfants sont affectés par le rapport en taille entre les ensembles à discriminer, et qu’ils n’ont pu réussir cette épreuve, car ce rapport est trop petit en comparaison à l’expérience 1.

  • 3e expérience:

Étant donné le résultat précédent, les auteurs se sont demandés si ce rapport diminuait rapidement ou non en fonction de l’âge des sujets. Ils ont donc constitué un groupe d’enfants de neuf mois, et leurs ont fait passer un test strictement identique qu’aux précédents.

  • Résultat 3 :

Ces enfants ont, en effet, orienté plus longtemps leur tête vers les haut-parleurs qui diffusaient des séquences inconnues (phase de familiarisation) que lors de la phase de test. Ainsi, ces résultats montrent que, seulement trois mois après, les enfants ont augmenté leur capacité discriminatoire.

  • 4e expérience :

Cette dernière expérimentation a pour but de compliquer l’épreuve en diminuant le rapport en nombre des sons à discriminer, afin de voir jusqu'à quel point les enfants progressent. Ainsi les chercheurs reproduisent une procédure expérimentale identique à la précédente, mais cette fois, les sujets de neuf mois devront discriminer entre huit et dix sons.

  • Résultat 4 :

Les bébés ont montré une tendance à fixer les numérosités nouvelles, mais cette tendance n’est pas réellement significative, F(1,15) = 2,72 (p>.05).

  • Conclusion

Cette expérience est étonnante, et cela sous plusieurs aspects. Tout d’abord, elle montre que les jeunes enfants (six mois) ont la capacité de discriminer des groupes d' « objets » relativement grands. Mais également qu’il y a un progrès significatif trois mois après, c'est-à-dire à l’âge de neuf mois. Cela signifie qu’il y a bien un progrès des capacités numériques, et cela bien avant d’acquérir le langage.

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