En algèbre générale, un corps ordonné est la donnée d'un corps , muni d'une relation d'ordre (notée dans l'article) compatible avec la structure de corps.
Dans tout l'article, on note naturellement la relation d'ordre réciproque de , et l'on note < et > les relations d'ordre strict respectivement associées à et . On note par ailleurs 0 l'élément neutre de l'addition et 1 celui de la multiplication. Enfin, on note x − 1 l'inverse d'un élément x non nul de .
La majeure partie des résultats énoncés (ceux ne faisant pas intervenir la notion d'inverse) peut s'étendre aux anneaux.
Plus précisément, avec les notations précédentes, on dit que la relation d'ordre est compatible avec la structure de corps de si les deux conditions suivantes sont réunies.
Par commodité, on dira par la suite qu'un élément x de est positif si l'on a , et qu'il est négatif si l'on a (on remarquera, par antisymétrie de la relation d'ordre , que 0 est l'unique élément du corps à la fois positif et négatif).
On dispose d'abord des propriétés liées à la compatibilité de l'addition avec la relation d'ordre (voir l'article groupe ordonné pour leur démonstration, avec d'autres notations).
On dispose par ailleurs de propriétés liées à la compatibilité de la multiplication avec la relation d'ordre.
Cela se déduit aisément du deuxième axiome de la définition de la compatibilité, en utilisant le fait qu'un élément négatif est l'opposé d'un élément positif, et que l'opposé d'un élément est obtenu en le multipliant (à gauche ou à droite) par l'opposé de l'unité 1.
En effet, on a , et si 0 et 1 sont comparables, on a soit , soit , mais la règle des signes permet d'éliminer la seconde possibilité.
Démonstration. Les hypothèses se traduisent par les inégalités et et il s'agit de prouver l'inégalité . Il suffit pour y parvenir d'utiliser la décomposition
le membre de droite de cette inégalité étant positif en tant que somme de deux produits d'éléments positifs (la positivité de y' découlant de celle de x' et de la transitivité de la relation d'ordre ).
On remarquera que l'hypothèse peut être affaiblie en permettant à l'un des éléments x, x', y et y' d'être strictement négatif, mais pas plus. Par exemple, dans le corps des rationnels, on a et , mais on a .
Pour le prouver, il suffit d'appliquer la règle de multiplication membre à membre aux trois inégalités , et (dans cet ordre). On remarquera que si la relation d'ordre est totale, les hypothèses x − 1 > 0 et y − 1 > 0 sont superflues.