Une étude rapporte qu’une exposition de 21 jours sur Gasterosteus aculeatus, une espèce de poisson possédant des biomarqueurs sensibles à l’exposition d’hormones, d’une concentration de 170 ng/L d’éthynylestradiol se traduit par une inhibition de la production d’androgène, un indice néphrosomatique (INS) plus bas ainsi qu’un indice somatique ovarien (ISO) également plus bas.Ces variations peuvent se traduire par un désordre de la fonction reproductive. Le mécanisme d’action reste toutefois inconnu. Il est également bon de rappeler que ces résultats ont été obtenus dans le cadre de bioessais et que bien d’autres facteurs reliés à la complexité des équilibres régissant les milieux naturels peuvent modifier la biodisponibilité de ce contaminant. Il est également à souligner que cette étude utilise une concentration de 170 ng/L alors que les concentrations recensées ici-bas sont plutôt de l’ordre de 5-25 ng/L.
La même étude a également démontré que les effets d’une concentration de 10 ng/L de ce contaminants sont plus prononcés en été en raison de l’augmentation de la température et de la photopériode; deux facteurs qui affectent considérablement l’expression de l’ARN messager de certains gènes et ce à des concentrations qui sont présentement retrouvée dans les eaux naturelles.
Le tableau suivant présente les concentrations en éthynylestradiol répertoriées par différents groupes de recherche à travers le monde. Il peut en être observé que plusieurs méthodes utilisées jusqu’à maintenant ne permettent pas d’obtenir des limites de détection suffisamment basses pour évaluer la présence du composé dans les eaux de surface. La variabilité des concentrations répertoriées est non seulement empreinte de la variation de la consommation de cet œstrogène synthétique mais également de l’éloignement du site d’échantillonnage par rapport à la source de rejet des eaux traités par les villes. Somme toute, les concentrations déterminées permettent d’établir leur présence dans les eaux de surface et donc l’importance d’établir leur toxicité à ces niveaux de concentration sur la faune.
Pays | Affluent | Source d'eau | Concentration (ng/L) | Méthode utilisée | Limite de détection (ng/L) |
---|---|---|---|---|---|
Allemagne | Danuble, Nau, Blau | de surface | 0.80 | HRGC-NCI-MS | 0.10 |
Allemagne | Baie de Wismar | de surface | 17.2 | SPE LC-ESI-MS/MS | 0.5 |
Cambodge | Siem Reap | de surface (C.U.) | 23.4 | LLE GC-MS | 5.0 |
Canada | Milles Îles | de surface (C.U.) | N/D | SPE LC-APPI-MS/MS | 7.0 |
Chili | Itata, Biobio | de surface (C.U.) | 0.38-30.56# | ---- | ---- |
Chine | Fenhe | de surface (C.U.) | 24.4 | LLE GC-MS | 5.0 |
Corée du Sud | Han | de surface (C.U.) | N/D | LC-MS/MS ESI APCI | 1.0 |
Corée du Sud | Yeongsan, Seomjin | de surface (C.U.) | 4.5 | LLE GC-MS | 5.0 |
Grèce | Aliakmon, Axios, Loudias | de surface (C.U.) | N/D | SPE GC-MS | 0.7 |
Grèce | Thermaikos, Loudias | de surface (C.U.) | N/D | SPE GC-MS | 6.6 |
Indonésie | Cikamasan | de surface (C.U.) | 9.1 | LLE GC-MS | 5.0 |
Laos | Ton | de surface (C.U.) | 19.7 | LLE GC-MS | 5.0 |
Malaisie | Tuaran | de surface (C.U.) | 8.7 | LLE GC-MS | 5.0 |
Royaume Uni | Medway | de surface | N/D | SPE GC-MS/MS | 0.27 |
Taïwan | Usine de traitement des eaux | non-traitée | N/D | SPE LC-ESI-MS/MS | 8.0 |
Thaïlande | Khong | de surface (C.U.) | 10.4 | LLE GC-MS | 5.0 |
Viêt Nam | Long Xuyen | de surface (C.U.) | 28.6 | LLE GC-MS | 5.0 |
Légende:
LC Chromatographie liquide
MS/MS Spectrométrie de masse en tandem
ESI Ionisation par nébulisation
APCI Ionisation chimique à pression atmosphérique
HRGC Chromatographie gazeuse à haute résolution
NCI Ionisation en mode négatif
LLE Extraction liquide-liquide
GC Chromatographie gazeuse
N/D Non-détecté
C.U. Consommation urbaine
# Évaluation seulement en fonction de la densité de population