If (botanique) - Définition

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Étymologie

Le mot If remonte à un mot gaulois *ivos ou *īvos, d'un étymon celtique qui donne aussi ivin en breton, ywen en gallois, éo en irlandais. Une racine semblable existe en germanique *īwaz qui a donné īw en vieil anglais (yew en anglais moderne) et īwa en vieil haut allemand (Eibe en allemand moderne), dont semble dériver le prénom français Yves.

Même s'il est attesté dans l'anthroponymie gauloise (cf. Ivorigi, Ivomari, Ivanius, Ivonus, etc.), le terme *ivos fait place à un autre terme celtique, beaucoup mieux représenté, dans la toponymie : eburos (cf. *Eburiacum > Évry, Ivry; *Eburoialo- > Ébreuil, Avreuil; Envermeu; Évreux, etc.). Le celtique insulaire conserve aussi cette racine : irlandais ibar, breton evor.

Les autres langues romanes ont quant à elles un terme issu du latin taxus : italien tasso (corse tassu); occitan teis (gascon tech, catalan teix); espagnol tejo; portugais teixo (galicien teixu) et roumain tisā.

C'est pourquoi on trouve dans la toponymie occitane des noms de lieux du type Teissières, Teyssières, Teyssieu, Teyssode signifiant « ivaie ». Il en existe quelques exemples isolés au nord : Tauxières-Mutry (Taxeriae 1228)

Les toponymes du type Ivoy, Livoye, Livaye, Livet « ivaie » sont rares et constituent des formations romanes très localisées (dont la plupart sont situées en Normandie). La distribution du terme if, uniquement au nord de la France, ainsi que le caractère tardif de son apparition dans la toponymie ont conduit certains chercheurs a le considérer comme un emprunt au germanique.

Symbolique

L' if est le symbole de vie et de mort. Les anciens Celtes et une partie des Germains l'associaient à la mort. Jules César rapporte dans De bello gallicoque le chef éburon Catuvolcos se donna la mort en ingérant de l'if. Sa longévité (il peut dépasser 2000 ans) et son caractère sempervirens dans des régions tempérées où les conifères étaient rares, peuvent expliquer pourquoi cet arbre est lié à l'immortalité.

En outre, la langue d'oïl va conserver le terme celtique, plutôt que d'adopter le terme latin taxus comme la langue d'oc teis (gascon tech, catalan teix). Cela constitue peut-être l'indice d'une permanence, comme pour le chêne, de la perception celtique de l'arbre, renforcée par des apports germaniques postérieurs et notamment anglo-scandinave en Normandie. Lors de la christianisation, ce symbole païen va être récupéré par l'église dans les contrées où il était vénéré. Ainsi, il était systématiquement planté dans les cimetières d'Écosse, d'Irlande, d'Angleterre, de Normandie et de Bretagne, ailleurs en France cette coutume était plus rare et absente des régions méditerranéennes. On le trouve également au milieu de certains cloîtres, son centre symbolisant le paradis, en Irlande à l'abbaye de Muckross ou en Normandie à l'abbaye de Jumièges. Au contraire, en Provence par exemple, cet arbre était planté à l'entrée de la maison comme symbole de bienvenue.

Utilisation

L'utilisation de l'if est très appréciée dans la confection des arcs, notamment le célèbre longbow anglais. Il a fait ses preuves en matière de souplesse et de robustesse.

Horticulture

Ifs en topiaire dans les jardins du château de Villandry

En jardinage, l'if est souvent utilisé dans les parcs en art topiaire pour être taillé en diverses formes décoratives. On le taille facilement grâce à sa grande facilité de bourgeonnement.

Ébénisterie

Son bois, d'une belle teinte orangée-rougeâtre, est très prisé des ébénistes et luthiers. Ses qualités acoustiques sont en effet exceptionnelles. Il est également très recherché en marqueterie et son prix est très élevé.

Il est considéré comme le meilleur pour la construction des arcs. En effet, il est imputrescible (comme le bois de teck notamment), et très stable en plus d'être à la fois robuste et d'une certaine souplesse — deux qualités essentielles pour un arc. Les Gallois, puis les Anglais en firent le longbow (arc long anglais), dont l'utilisation se révéla décisive lors de la bataille de Crécy au XIVe siècle.

Alimentation

L'arille qui entoure la graine est comestible, quoique assez insipide. Il faut bien sûr prendre garde à ne pas mordre la graine qui est très toxique, mais se contenter de la sucer. Son ingestion intacte ne présente par contre pas de danger.

Thérapeutique

En 1971, les chimistes Wani, Wall et Taylor isolent une molécule , le paclitaxel ou Taxol. L'écorce de Taxus brevifolia (if du Pacifique ) qu'on trouve Amérique du Nord et surnommé le « médecin des forêts » a été utilisée pour ses propriétés anticancéreuses. Il faut cependant 6 ifs pour produire 1 g de taxol (paclitaxel) . On a ensuite extrait le taxotère, une substance voisine du taxol, mais deux fois plus efficace, des aiguilles de Taxus baccata (1980, professeur Potier 10-Déacetyl Baccatine III 10-DAB) .

On trouve dans les jeunes pousses des taxanes (molécules toxiques) qui contiennent des substances anticancéreuses. Cette molécule est un des fleurons de la lutte anticancer, très efficace contre les cancers du sein, de l'ovaire, du poumon. Seul inconvénient : sa rareté. 10 kg d'écorce d'If du Pacifique donnent à peine 1 gramme de produit actif.

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