Le lieu de naissance supposée, l'Allemagne, et même le siècle où il a vu le jour sont incertains. Le géomètre Michel Chasles prétendait dans ses lettres à Boncompagni que l’auteur d’Algorismus Jordani vivait à la fin du XIIe siècle.
L'historien des sciences allemand Morritz Benedikt Cantor a pour sa part avalisé l'origine germanique de Jordanus Nemoriarius, le faisant naître vers 1225 en Allemagne. Cela est toutefois sujet à caution. L'historique de cette attribution est illustratif des difficultés rencontrées par les médiévistes : cette identification remonte au XIVe siècle. C'est le dominicain Nicholas Trivet, qui le premier attribue le De ponderibus Jordani et le De lineis datis Jordani à Jordan le Saxon ou Jourdain de Saxe, maître général de son ordre, qui, en 1222, succéda à Saint-Dominique à la tête des frères prêcheurs. Depuis, l’identitification de Jordanus le Saxon avec Jordanus Nemorarius a été acceptée par de nombreux auteurs ; ce qui semble très contestable car le mathématicien ne s’est jamais qualifié de Saxon, ni le général de l’ordre de : « Nemore ».
Les anglais Roger Bacon et Thomas Bradwardine ainsi que l’école écossaise ont fait grand cas des écrits de Jordan de Nemore. Pendant la Renaissance, son De ponderibus a profondément influencé les débuts de la statistique. Giordano Nemi a été l’un des premiers traducteurs de l’algèbre en occident et l’un des premiers à désigner les inconnues par des symboles. Il semble en réalité contemporain de Leonardo Fibonacci. Le devenir de ces œuvres est tout aussi impressionnant que le succès qu'elles ont rencontré à l'époque. Un commentaire ajouté ultérieurement (au XIIIe siècle) et mentionné par Roger Bacon dans son Opus majus fit de ce Liber Euclidis de ponderibus imprimé à Nuremberg, en 1533, par Johannes Petreius, sous la direction de Petrus Apianus, sous le titre de Liber Jordani Nemorarii, viri clarissimi, de ponderibus un traité célèbre. Une préface (d’inspiration hellénistique et postérieure à Hieron d’Alexandrie) fut ajoutée au XVIe siècle. Dans le but de résumer les travaux de Jordanus en corrigeant ses erreurs. En 1554 ce livre fut cyniquement plagié par Nicolas Tartaglia dans ses Quesiti et inventioni diverse ; (un manuscrit du texte original a été retrouvé dans les papiers de Trataglia). Publié à Venise, en 1565, par Antius Trojanus, comme Jordani Opusculum de ponderositate, Nicolai Tartaleae studio correctum.